Zuckerberg, nouveau méchant d’Halloween?

Ou quand le matraquage médiatique donne une nouvelle dimension à cette fête traditionnelle. Si 2008 avait vu fleurir les masques Halloween à l’effigie de Sarah Palin et 2009 ceux de Bernard Madoff, cette semaine, c’était à Mark Zuckerberg de jouer le rôle du méchant.

Pour Halloween, déguisez-vous en Zuckerberg

Le fondateur de Facebook au milieu d’une horde de vampires et de sorcières? Malgré le récent succès de The Social Network, Marck Zuckerberg ne jouera pas dans le prochain Twilight, mais il éprouve toujours autant de difficulté à blanchir sa réputation.

En témoigne la prolifération des masques Halloween à son effigie.  C’est le site américain Gawker qui a lancé l’idée le mois dernier, en proposant le téléchargement gratuit du masque Zuckerberg: ne reste qu’à l’imprimer et y attacher un élastique, et le tour est joué. Pour compléter ce déguisement économique, Gawker dresse non sans ironie les éléments de la panoplie immuable du fondateur de Facebook: sweet à capuche, jeans et baskets blanches dont on ne saurait la marque, chaussures Puma ou Nike, l’essentiel est qu’elles soient blanches; vous voilà un parfait Zuckerberg. Et Gawker de conclure par un petit tuyau: “Don’t just ask for tricks or treats. Private, personally identifiable information is so much more valuable.

Mark Zuckerberg, élu méchant de l’année ?

More valuable” ? Le magazine Forbes annonçait en effet récemment le passage du jeune milliardaire de 26 ans au 40° rang de son classement annuel des plus grosses fortunes américaines, ce qui place le devant Steve Jobs, le patron d’Apple! Et tout ça grâce à l’accès aux informations individuelles des 500 millions de membres du site Facebook, on ne le répétera jamais assez! C’est qu’à force de rabâcher sur l’exploitation des données privées des membres Facebook, le nombre de ceux-ci ne cesse néanmoins d’augmenter : on pourrait presque penser que les “victimes” savent à quoi elles s’engagent et que personne ne les force à s’inscrire…Qu’à cela ne tienne, les mauvaises langues ne se privent pas de faire remarquer que le don de 100 millions de dollars (75 millions d’euros) de Zuckerberg à un programme d’éducation de Newark suit de près la sortie du film The Social Network, qui ne présente pas le fondateur de Facebook sous son meilleur jour. Voleur en affaire et traître en amitié, Zuckerberg? Bon pour Halloween!

On peut se demander si la réussite du jeune milliardaire ne fait pas tout simplement des envieux. Lequel des 500 000 spectateurs de The Social Network n’est pas ressorti de la salle avec une vague nostalgie de n’avoir pas inventé le site de la décennie pendant une scolarité à Harvard? Ce profil de l’homme condamné pour avoir trop bien suivi et profité des règles du système n’est pas sans rappeler la récente condamnation de Jérôme Kerviel: fais ce qu’on te dresse à faire, mais ne le fais pas trop?

Natasha Hamon – Sciences Po Toulouse ((L’opinion développée n’engage que son auteur et non pas la rédaction.))



4 commentaires

  1. Hélène M. dit :

    « on pourrait presque penser que les “victimes” savent à quoi elles s’engagent et que personne ne les force à s’inscrire… »

    Jusqu’à preuve du contraire, effectivement, personne ne les force à s’inscrire.

  2. Thibault dit :

    Selon moi, Facebook ne peut se cacher derrière cet argument.
    Oui personne n’est « obligé », au sens strict, de s’inscrire… Tout comme personne n’est obligé de s’abonner à Internet ou de posséder un téléphone portable ! La pression sociale (voire professionnelle, Facebook étant un outil professionnel à part entière) est telle, que c’est une forme d’obligation. Facebook, surtout en position de quasi monopole, ne peut donc pas faire n’importe quoi sous prétexte que les gens adhèrent librement au service.

    Et surtout, même si l’on considère que c’est un contrat librement consenti, soumis à aucune forme d’obligation, et que Facebook peut dès lors faire ce qu’il souhaite et que seul le « consommateur » doit faire le choix en s’inscrivant ou non (argument libéral s’il en est, avec lequel on peut justifier l’utilisation de cyanure dans la nourriture…), cela n’empêche pas de demander une transparence totale des tenants et des aboutissants d’une inscription en ce qui concerne les données privées, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

  3. Natacha dit :

    Quelle verve…science po-iste^^
    De facebook au cyanure, il n’y a qu’un pas, ou de l’art de la rhétorique. Je n’ai pas ce talent – même scolarisée à l’école de la langue de bois – mais voilà mon avis:

    Tu n’as évidemment pas tort, et j’ai bien sur pensé à la « pression » dont tu parles (il faut croire que les cours d’économie sur les réseaux et ceux de sociologie sur l’intériorisation des contraintes laissent des traces), mais je n’avais pas envie de faire un cours,et, surtout je souhaitais faire l’avocat du « diable ».

    Je ne pense en effet pas que Facebook se « cache » derrière des arguments, qu’on ne cesse de toute façon de tenter de démonter même lorsqu’ils n’ont pas été avancés. J’ai plutôt l’impression qu’il joue le jeu, en assumant d’être ce qu’il est et de tirer les ficelles à son avantage. Cela induit évidemment une certaine responsabilité, et je pense que si Facebook faisait vraiment « tout ce qu’il souhaite » il pourrait largement abuser davantage de nos données ou de sa position monopolistique…

  4. Youpla dit :

    Personne ne les force à les inscrire ? On oublie souvent le « peer pressure » qui guide le comportement des inscrits facebook.

    D’autre part, Google est autrement plus puissant et friqué que Facebook, et son modèle économique est à 99% basé sur les données utilisateurs.

    Donc bon…


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