Qui c’est les plus forts ? Évidemment, c’est Les Verts

L’écologie est un mouvement politique qui, s’il n’est pas récent,  a pris une place considérable sur les échiquiers politiques, entre-autres français. Un étudiant de Sciences-Po Aix fait le point sur le sujet dans son état actuel et IEP Mag vous invite à lui répondre.

Idéalistes, irréalistes, incompétents… Sans charisme et sans programme viable… Ceux qui prônent une écologie politique se font régulièrement attribuer de jolis noms d’oiseaux (en même temps, pour des défenseurs de la nature…) par des détracteurs acharnés et moqueurs.

L’écologie politique à la poubelle ? Oui, mais dans les conteneurs prévus à cet effet. Totalement inutile ? Permettez-moi de rire vert (et oui, être écologiste, c’est en plus avoir un humour de merde… quand on vous dit qu’ils sont bons à rien).

L’existence d’une écologie politique : une exigence

Aujourd’hui, rares et marginaux sont ceux qui réfutent l’idée qu’une politique écologique est nécessaire (nous ne parlons pas ici pour le moment de l’importance qu’elle doit occuper, mais uniquement de son existence). Les rapports alarmistes divers auraient-ils fini par convaincre les opinions ? Il semblerait surtout que l’humanité se soit rendu compte avec étonnement que ces problématiques environnementales ont des conséquences qui vont nous tomber dessus rapidement. Notre bonne vieille race humaine très court-termiste a donc pris conscience que ce qui se passe va bientôt nous concerner, et pas seulement nos enfants ou nos petits-enfants. Prenant peur pour elle-même, elle s’est résolue à agir.

Les quelques personnes qui s’imaginent encore qu’on peut vivre éternellement en faisant ronronner son Hummer plein gaz sont souvent trop bornées pour que je prenne du temps pour elles. Comment voulez-vous convaincre quelqu’un qui regardera la bave aux lèvres et le pop-corn à la main, le Bangladesh se faire engloutir par les eaux ?

Problème : l’humanité ne parvient à agir que dans l’urgence et ne réalise d’actions valables qu’après des drames-électrochocs. Pour ce qui est de prévoir, elle sait faire, mais pour passer aux actes, ça se traîne souvent à la vitesse d’un Iepien se dirigeant vers un partiel à 8h du matin. Donc, tant qu’on en restera aux déclarations d’intentions et aux politiques molles et sans effets (Grenelle, vous avez dit Grenelle ?), il faudra bien une écologie politique.

Il s’agit d’une existence par carence

Car oui, il s’agit d’une existence par carence. Selon moi, l’écologie devrait être abordée par tous les bords politiques et, si c’était vraiment le cas, je serais le premier à proclamer l’inutilité d’un parti comme les Verts/Europe-Ecologie. Néanmoins, si l’existence d’une écologie politique ne fait plus débat, il en va autrement de sa crédibilité.

Quatre problèmes se posent aux écologistes pour être crédibles

En premier lieu, le charisme. Force est de constater qu’Eva Joly et Cécile Duflot ont autant de charisme que la mascotte de l’IEP de Grenoble. Pas d’inquiétude cependant : Europe-Ecologie/Les Verts a en son sein de fins politiques qui passeraient très bien dans des débats. Ce que Zemmour a fait à Duflot, il ne l’aurait jamais fait à un Cohn-Bendit (qui n’a pas la nationalité française, rappelons-le) ou à un Mamère. Il ne reste donc plus qu’à espérer que le parti fera le bon choix, même si les critiques semblent très nourries contre Eva Joly, pourtant vue il y a quelques mois comme bien placée pour être la candidate du mouvement en 2012.

Deuxième problème, l’unité. Ici, on a fait de gros progrès. Finies les diverses nébuleuses des « Défenseurs des Abeilles » qui damaient le pion aux « Protecteurs des Moules ». L’écologie politique a enfin un grand parti, à dimension nationale et européenne importante. Pourtant, les problèmes persistent et l’unité reste encore en construction. Ces messieurs-dames auront-ils l’intelligence et le pragmatisme de comprendre qu’ils ne peuvent exister qu’unis ?

Avant-dernier problème, la difficulté de convaincre de l’urgence. On l’a vu, les humains ne réagissent que face à des éléments évidents et qui les touchent personnellement. Pas facile de convaincre quelqu’un de ne plus jeter de déchets par terre, vue la banalité que représente pour lui cet acte. Changer les mœurs est bien difficile, alors qu’une petite modification des comportements, ne générant aucun coût excessif pour les populations, suffirait pour réaliser de grands progrès. Seulement, le trio information/éducation/incitation ne fonctionne pas toujours. Il faudrait donc, et c’est bien malheureux, réfléchir à imposer certaines mesures, comme le tri collectif, sans aller jusqu’à une dictature de l’écologie (mais j’y suis enclin parfois… et appelez-moi le petit père des peupliers si vous voulez). L’Etat a aussi un rôle à jouer : avec des services de transport en commun excellents, on pourrait décemment réfléchir à interdire les voitures au sein des villes par exemple, bien que ceci pourrait faire du tort aux sociétés de location de voitures, ainsi qu'aux concessionnaires. Tant que les hommes et les Etats ne seront pas conscients des conséquences que pourraient avoir certains actes, l’écologie politique sera nécessaire pour leur rappeler leurs devoirs.

L’écologie ne doit pas être destructrice, mais au contraire porteuse d’un projet de société

Et elle l’est encore plus (nécessaire) en ce qui concerne le dernier problème : la priorité de l’écologie. L’écologie est aujourd’hui prioritaire, car les problématiques auxquelles elles s’intéressent sont d’une urgence cruciale. L’écologie ne doit pas être destructrice, mais au contraire porteuse d’un projet de société, pouvant concilier toutes ces urgences (ça s’appelle tout simplement le développement durable), et qui mieux que l’écologie politique pour le proposer ?

Il reste bien du chemin à faire mais des progrès sont faits, et les derniers résultats aux élections ne sont pas un hasard. Pour conclure je dirais que je réfute tous les qualificatifs appliqués à l’écologie politique sauf un : l’idéalisme. J’ai toujours été utopiste et ce n’est pas le cynisme ambiant sur ce sujet qui m’atteindra.

Article publié dans Controverses –Vincent Leconte- Sciences Po Aix (MAJ IEP Mag) ((L’opinion développée n’engage que son auteur et non pas la rédaction))

Dessin : Noémie Fischbach



3 commentaires

  1. Hélène M. dit :

    Je reviens d’un one-man-show où le comique disait : « Pour réduire les émissions de carbone, adhérons tous à Al Quaïda ! En effet, qui d’autre peut sauver la planète des avions, du consumérisme américain et de la surpopulation ? »

    Cala s’apparente sans doute au cynisme ambiant que tu veux ignorer. Mais trêve d’humour noir, je ne crois pas qu’on puisse séduire (car c’est de cela qu’il s’agit, est-il nécessaire de la rappeler ?) un électorat en prenant la voix du Bien, du Devoir et de la Raison. Des poubelles de couleurs différentes, ça ne fait fantasmer personne ! Et je vais même aller plus loin : parfois je me demande s’il n’y pas chez la plupart d’entre nous une sensation primaire, le DESIR, que toutes ces catastrophes (fonte des glaces, disparition de l’Amazonie, engloutissement du Bangladesh, dérèglement des saisons, multiplication des cyclones, etc) ne se produisent. Très sérieusement, ça ressemble à un bon film d’horreur, une baston bien sanglante, une magnifique tragédie shakespearienne. Oh c’est mal, c’est scandaleux, sans aucun doute. Mais à mon avis la politique comporte bel et bien cette dimension fantasmatique et cela explique que les écologistes n’attirent qu’une poignée de citoyens. Et je pourrais développer davantage l’exemple des poubelles, qui est révélateur : les écolo veulent que tout soit propre, lisse et parfait, même nos déchets ! Personnellement, ça m’écoeure. Un monde sain est un monde dont la saleté et la violence n’ont pas disparu. Sinon, ce n’est plus un monde humain. Comment voulez-vous avoir du charisme (c’est-à-dire du charme, le pouvoir d’ensorceler) quand votre discours se réduit à anticipation-urgence-altruisme ?

    En somme les écolos sont des Nathalie Portman qui ne savent encore danser que le cygne blanc.

  2. Monsieur C. dit :

    Et toi tu as les références du moment, sans originalités et moutonnières. C’est triste.

    Amicalement

    Monsieur C.

  3. Loicsoft dit :

    Monsieur C prendrait-il la peine d’étoffer son discours au lieu de critiquer sèchement en une phrase ? C’est assez à la mode d’être radical dans ses critiques, mais c’est absolument inutile et ne fait qu’appauvrir le débat.

    Je suis d’accord avec ce que dit Hélène : « la politique comporte bel et bien cette dimension fantasmatique », et j’irais même plus loin : le peuple est aussi avide de faits fantastiques, aussi catastrophiques peuvent-ils être.

    Nicolas n’invente rien lorsqu’il dit que les Hommes ne s’activent que lorsque les conséquences son imminentes, et j’ai envie de dire : c’est humain. Je pense que le problème c’est qu’on attend du gouvernement qu’il mette en place de grandes mesures pour nous décharger de toute responsabilité… mais c’est aux collectivités territoriales et aux municipalités de se prendre en main.
    En effet la politique à l’échelle nationale ne séduit pas avec des poubelles jaunes, mais à l’échelle des communes cela devrait être une préoccupation omniprésente.

    Par contre je n’adhère pas du tout à ce qu’on peut désigner par « sans le mal il n’y a pas le bien », que présente Hélène à la fin de son commentaire. « Un monde sain est un monde dont la saleté et la violence n’ont pas disparu » : on s’écarte du sujet, mais je voudrais quand même dire quelques mots : le monde n’a jamais été sain, donc dire qu’il faut de la saleté pour que le monde soit sain… excusez-moi mais ça relève d’une sacré étroitesse d’esprit ! C’est exactement du même ordre que dire : « le plein-emploi n’a de sens que s’il y a du chaumage ».


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