La France a peur ou Le procès généralisé de l’art contemporain

Tulipes, Jeff Koons

L’art en général a toujours été déchiré par de nombreuses controverses dénigrant littéralement certains courants pourtant majeurs. Face au rejet de l’art contemporain, une étudiante de Sciences Po Aix a pris la plume afin de le défendre face aux critiques acerbes de ce qui ne fait en effet vraiment pas l’unanimité.

Chaque année à Versailles, l’art contemporain n’est pas le bienvenu. Cibles des critiques acérées de certains visiteurs, parfois même de l’extrême-droite française, les artistes Jeff Koons (2008), Xavier Veilhan (2009) et Takashi Murakami (2010) n’ont pas très bien été reçus dans la Galerie des glaces… Qui sera le prochain ? Les attaques à l’encontre de l’art contemporain ne sont plus de simples coïncidences : elles marquent régulièrement le paysage artistique français depuis quelques années.

Ces artistes fournissent des travaux qui entrent souvent en contradiction avec les mœurs de la société, et ils le revendiquent clairement

Ces artistes fournissent des travaux qui entrent souvent en contradiction avec les mœurs de la société, et ils le revendiquent clairement. Et les critiques ne manquent pas : elles sont les symptômes de l’allergie significative de la société envers ces œuvres et le message qu’elles véhiculent.

L’art contemporain est reflet d’une société qui fait la sourde oreille face à une réalité qui n’est pas toujours rose. Avec les expositions “Présumés Innocents” à Bordeaux (regroupant un collectif d’artistes) et “Kiss the past hello” au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris (Larry Clark), on a l’impression d’assister au procès généralisé de l’art contemporain. La première est en cours de jugement depuis dix ans, et la seconde a été interdite aux moins de 18 ans, dans le respect de notre très cher Code Pénal.

La légitimité des artistes en elle-même est remise en cause, ils passent pour de vulgaires fauteurs de trouble qui « font de l’art »

Ainsi, c’est la légitimité des artistes en elle-même qui est remise en cause. Ils passent pour de vulgaires fauteurs de trouble qui, de surcroît, disent « faire de l’art ». Mais, au-delà des attaques hasardeuses qu’il connaît, quelle place occupe l’art contemporain dans la société actuelle ?

Il peut alors paraître paradoxal que ce soit en rentrant systématiquement en conflit que cet art devienne le miroir de la société qu’il dépeint. Fermer les yeux et plébisciter uniquement l’art« bisounours » de la société parfaite n’aurait aucun sens… L’art contemporain ouvre les yeux sur une vérité qui dérange. Pourquoi a-t-on peur de cette réalité ? Les mœurs évoluent et il est normal que cela se fasse dans la douleur. La peur vient simplement du fait que l’on ne contrôle pas cette évolution.

Pourtant, en réalité, l’ensemble de ces expositions est très bien perçu par le public. Le ramdam causé par les médias qui hurlent à la censure à tout va ne fait que rallonger un peu plus les files d’attentes devant les musées. A l’ouverture de la série Murakami à Versailles, nulle trace de polémique au sein des 10 000 spectateurs du jour. Seul le bruit des audio-guides et les cliquetis des appareils photo se font entendre… Du bruit pour rien ?

Article publié dans Controverses – Marie Roulhac de Rochebrune- Sciences Po Aix ((L’opinion développée n’engage que son auteur et non pas la rédaction))



2 commentaires

  1. Hélène M. dit :

    Je suis déçue par cet article beaucoup trop allusif.

    Le message que ces oeuvres véhiculent, quel est-il ? « Une réalité qui n’est pas toujours rose », c’est-à-dire ? « Une vérité qui dérange », laquelle ?
    Tu ne réponds même pas aux questions que tu poses toi-même : « quelle place occupe l’art contemporain dans la société actuelle ? » (et si c’est de la rhétorique, c’est un peu léger, désolée…)

    Mais surtout ce qui est dommage c’est que tu ne dises pas pourquoi tu aimes l’art contemporain. Du coup ta « défense » de cet art se réduit à une plainte contre des critiques a priori injustes.

  2. Hélène M. dit :

    ps : les critiques de l’extrême-droite française sont-elles surprenantes (comme le suggère ton « même ») ?

    Il aurait aussi été bienvenu que tu t’intéresses aux causes du succès de l’art contemporain auprès du public (quel public, d’ailleurs ?).


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