Stagiaire, le mauvais exemple des Institutions Européennes

Etre stagiaire est devenu un statut à part entière. Les diplômés du niveau Master effectuent généralement un à deux ans de stage tout au long de leur cursus sans rémunération, sans cotisation retraite, chômage ou assurance maladie. Malgré la charte signée par le Parlement européen en 2010, les conditions de travail pour l’ensemble des stagiaires des Institutions Européennes n’ont toujours pas évolué.

La non-rémunération des stages, comme il est d’usage dans de nombreux organes européens, dénigre la valeur du travail. Tout d’abord, le modèle que l’on souhaite transmettre aux générations futures est dévoyé. Une société qui ne reconnait pas qu’un travail mérite salaire bafoue des acquis élémentaires du droit et du contrat social. De plus, dans le cas de stage de plus de trois mois, l’étudiant finit par travailler en autonomie. La rémunération est une reconnaissance de cette compétence ainsi que de l’apport qu’il réalise au sein de son service.

Donner un poids financier au stage
Ensuite, donner un poids financier à un stage est une incitation à structurer la mission proposée. Le stage ne représentant pas un coût, les services ont tendance à recruter des étudiants dans l’éventualité d’une activité supplémentaire. Les stagiaires se retrouvant face à un niveau d’activité faible alors même qu’ils ont fait plusieurs milliers de kilomètres à leurs frais sont récurrents. Il est donc nécessaire de rappeler qu’un stage s’inscrit dans un cursus pédagogique et que ses objectifs et son encadrement doivent être clairement définis. Rémunérer un stage permet d’assurer un stage de qualité.
Un autre effet pervers est l’inégalité qui découle de cette situation. Les étudiants issus de milieux défavorisés ne peuvent prétendre à des stages non-rémunérés qui occasionnent de nombreux frais. Ils ont toujours la possibilité de prendre un ticket de jeu chez le buraliste pour participer au tirage Euromillions mais un stage rémunéré serait quand même l’idéal. Or il est nécessaire de payer un loyer et le coût de la vie quotidienne est souvent élevé dans une capitale. Mais il convient d’ajouter le coût du billet d’avion aller-retour, qui peut être élevé dans le cadre du Service Européen pour l’Action Extérieure, les frais de visa et d’assurance maladie à l’étranger. Ne pas rémunérer les stages empêche la réalisation d’un système éducatif qui se dit basé sur la méritocratie et l’Egalité des chances.
De plus, cette situation crée une inégalité de fait au sein des Institutions Européennes. Il apparaît difficilement justifiable de refuser une allocation de quelques centaines d’euros face aux montants utilisés dans le cadre d’autres dépenses. Plus grave, des cas où l’on demandait à des stagiaires de payer les coûts de transports et d’hôtel pour assister à des évènements ont été clairement identifiés.

« Un pourcentage maximal de stagiaires par service… »
La charte européenne de qualité pour les stages et les apprentissages signée en Mars 2010 engageait les institutions européennes à  » plus de stages et d’apprentissages de meilleure qualité. » Il apparaît donc urgent de prendre plusieurs mesures. L’allocation d’une indemnité compensatrice est un minimum dans le cadre de la promotion de l’égalité des chances. Il conviendrait également d’assurer des cotisations sociales à un niveau pertinent à ces étudiants.

Alors que l’on allonge la durée de cotisation retraite dans tous les pays de l’Union Européenne, ils subissent une double peine : l’allongement de la durée des études prolongée par des stages en début de carrière et l’allongement de la durée de cotisation en fin de carrière. L’assurance maladie devrait également être fournie à minima. Enfin, un pourcentage maximal de stagiaires par service ou Délégation européenne devrait être fixé. Il parait difficile de justifier plus de 10 à 15 % de stagiaires dans une équipe.



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