Non, Monsieur Descoings n’était pas un visionnaire

Richard Descoings

Dans le concert unanime de louanges suite au décès (toujours inexpliqué) de Richard Descoings, quelques voix s’élèvent pour nuancer son bilan. Si certains cèdent à l’agressivité et à la haine, un étudiant de Sciences Po Rennes se propose au contraire de calmement analyser le bilan de l’ancien directeur de Sciences Po Paris.

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Richard Descoings s’en est allé. Bien qu’il ne fut pas mon directeur — je suis élève de l’IEP rennais et non parisien —, cette information inattendue m’a tenu longuement éveillé, moi comme probablement nombre de mes condisciples. La disparition du directeur de Sciences Po Paris, personnage emblématique qui fit connaître son école dans le monde entier, a suscité de nombreuses réactions, à ma connaissance toutes très laudatives. Et même excessivement laudatives. Que l’on me pardonne de venir briser ici un concert unanime, en cette période de deuil, mais il faut bien que quelqu’un rappelle deux ou trois évidences, la première étant que l’on ne peut pas décemment faire de Richard Descoings un grand serviteur de la cause républicaine. On pourra trouver mon billet inopportun ou inélégant, une semaine seulement après son décès. Je m’en excuse sincèrement. Mais j’y suis bien malgré moi contraint à voir les thuriféraires succéder aux béats et aux hypocrites devant le sinistre lit de mort. Comme je ne souhaite ni être de mauvaise foi, ni faire preuve de mauvais esprit, je vais commencer par reconnaître le grand talent du défunt.

Une immense popularité

Richard Descoings, charismatique directeur de Sciences Po Paris, avait su s’imposer comme personnalité médiatique tant en France qu’à l’étranger, œuvrant de ce fait énormément pour la notoriété de l’école. Nous, élèves ou enseignants des Instituts d’Études Politiques, qu’il s’agisse de l’aîné parisien ou bien des cadets provinciaux, avons tous tiré profit de son insatiable travail. Je suis d’ailleurs tout à fait disposé à croire ceux qui, ayant travaillé à ses côtés comme collègues (administrateurs, directeurs), enseignants ou élèves, dépeignent un bourreau de travail totalement dévoué à sa mission. Il suffit d’observer le chemin parcouru par l’école de la rue Saint-Guillaume depuis 1996, tant sur le fond que sur la forme, pour se convaincre que son action ne fut pas placée sous le sceau de l’immobilisme. Loin de là. Passé en cinq ans, Sciences Po s’est profondément renouvelé avec un premier cycle « collège universitaire » et un second cycle « master », fruits d’une analyse relativement poussée (je renvoie à la littérature officielle de l’école) et d’un cap assumé. Dit autrement, il y avait une stratégie et il y avait une direction pour la mettre en œuvre.

Outre la réforme de son établissement, Richard Descoings sut aussi se faire apprécier par un style atypique, fait de proximité — presque de familiarité — et de liberté. Liberté de ton pour un personnage haut en couleur qui ne représentait pas vraiment l’archétype d’un haut-fonctionnaire que l’on imagine discret, austère et lisse — j’ai presque écrit fade. Proximité avec les gens, lui qui sur son blog ou sur tel réseau social prenait un temps considérable — insensé ? — pour dialoguer sans filtre avec le commun des amphis et expliquer son action. Voilà qui devait lui valoir une immense popularité au sein de ses élèves et au-delà, expliquant probablement ce quatrième mandat de directeur confié en 2011. Ajoutons-y une mort brutale, lointaine et surprenante, pour un homme encore jeune, et nous comprenons mieux l’humeur collective qui s’est saisie des commentateurs et tend à faire de ce deuil une apothéose.

Une gestion irréprochable ?

Arrêtons net l’hagiographie avant qu’elle ne passe les limites de la décence. Non, Sciences Po n’est pas dorénavant privé du seul homme prétendument capable de le mener comme il devrait l’être. Non, la France n’a pas perdu un intellectuel visionnaire, sorte de chevalier servant de la veuve et de l’orphelin contre qui se serait dressée l’hydre sclérosée des conservatismes et des intérêts bourgeois. Et oui, il faut espérer que quelqu’un reviendra sur l’œuvre de Richard Descoings pour y rétablir un certain esprit que je qualifierais, au contraire de ce qui fut entrepris par feu Monsieur le directeur, de « républicain ».

Sur la gestion interne de l’école, il y aurait certainement beaucoup à dire. À la rentrée 2009, une journaliste de Mediapart livrait en une série d’articles une enquête assez accablante sur les pratiques ayant cours rue Saint-Guillaume. Elle nous révélait un vaste système de favoritisme, phénomène typique du fonctionnement des cours où critique du prince vaut disgrâce. Déjà à l’époque, les modalités d’attribution des primes aux enseignants — obscures — faisaient débat et laissaient penser que Sciences Po avait finalement emprunté au monde de l’entreprise une relation prégnante à l’argent, et au monde de l’université un mode de direction mandarinal. Je renvoie mon lecteur à ces papiers édifiants s’il en doute. De même, peut-être se souvient-il qu’en février de cette année éclatait le scandale des « super-bonus » de direction ? 295 000 euros répartis entre sept personnes. « Un fonctionnaire français doit faire envie partout, jamais pitié », professait certes Napoléon, mais n’y a-t-il pas une certaine décence à avoir dans l’utilisation de l’argent public ? Est-il normal de voir un directeur d’école, fut-elle prestigieuse et fut-il reconnu talentueux, mieux traité qu’un ministre en exercice ?

Affaires de gros sous encore, quand on songe aux inégalités de traitement entre les différents Instituts d’Études Politiques, l’État versant ainsi à Paris une dotation par tête sans commune mesure avec ce que peuvent recevoir les autres établissements. Et la direction parisienne ne peut se décharger de sa responsabilité à l’heure où elle entend retirer les postes de la Fondation nationale des Sciences politiques (la FNSP, fondation de rattachement de tous les IEP et dont la gouvernance est confondue avec Sciences Po Paris) déployés en régions. Voir une école parisienne, chef de file d’un réseau plus que sexagénaire, rompre ainsi les ponts avec la « province », tout en rapatriant tous les moyens alors même qu’elle est déjà largement surdotée, est-ce un comportement républicain ? Bas les masques !

Le symbole des conventions ZEP

Mais si l’on devait ne retenir qu’une seule réforme de l’ère Descoings à Sciences Po Paris, ce serait très certainement le saccage méthodique de l’institution la plus républicaine de l’école : son concours d’entrée. Suppression de l’épreuve reine de Sciences Po, la culture générale, et instauration de jurys d’admission composés d’enseignants et d’un représentant du directeur : autant dire que l’on privilégie l’instantanéité de la parole sur la prise de recul de l’écrit, donnant ainsi la prime à l’auto-promotion aux dépens de la qualité de la réflexion. Le bagout plutôt que l’intellect. À Sciences Po, on ne réfléchit plus, on se vend. Et l’on dilapide l’héritage commun. On a pris acte de l’échec de l’école à inculquer une culture classique pourtant nécessaire pour exercer n’importe quelles responsabilités d’envergure, abaissant ainsi le niveau requis alors même que l’on sait pertinemment que le retard constaté à l’entrée ne sera pas comblé à la fin. On ne rattrape pas en cinq années de Sciences Po le déficit accumulé en quinze ans d’école.

Les pédagogues ont brisé l’école, celle qui inculquait aux enfants de la Républiques les canons d’une culture classique leur permettant par la suite de concourir à armes égales pour l’excellence, et Sciences Po leur a emboîté le pas. C’est suivant cette logique de capitulation en rase campagne que sont apparues les conventions ZEP, mesures discriminatoires qui exemptent certains candidats issus de zones défavorisées des épreuves écrites du concours d’entrée. On tente ainsi de passer d’un système où l’on évalue la capacité brute des prétendants — mesurée par le concours égalitaire — à une usine à gaz dans laquelle on privilégie la personnalité de l’individu ou son parcours. La subjectivité est totale. C’est au mieux une mesure cosmétique, au pire une formidable régression. Car au final on privilégie ainsi dans l’ordre d’admission des candidats du seul fait de leur origine sociale, comme au bon vieux temps de l’Ancien Régime. Par le seul fait du prince, un oral de quelques minutes pendant lequel on aura la chance ou non de séduire le jury, on peut intégrer une école pour laquelle d’autres affrontent un concours ultra-sélectif. Où est la justice ? Où est l’égalité républicaine, celle consacrée par l’article six de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ?

Qui porte le deuil des principes ?

De l’égalité républicaine, on n’en a plus cure. Sciences Po — et tous les IEP suivent la même tendance — trahit l’idéal de son fondateur Émile Boutmy à mesure qu’il accélère sa mue en « business school » internationale. Fondée suite à la débâcle de 1870-71, l’École libre des Sciences politiques entendait former des jeunes gens conscients de la complexité du monde et prêts à assumer la conduite des affaires de la nation. Avec le gouvernement du général de Gaulle, elle intégrait une dimension éminemment républicaine en préparant aux concours de la haute fonction publique. Car dorénavant on n’accédait plus aux hautes charges par cooptation et copinage mais par concours ! Sciences Po s’insérait alors parfaitement dans un schéma clair où le rôle des grandes écoles n’était pas d’assurer artificiellement la mobilité sociale, mais bien de former l’élite de la nation selon un strict critère d’excellence. Cette excellence était garantie par l’égalité dans l’accès car c’était à l’école, encore plus qu’au collège et qu’au lycée d’ailleurs, d’offrir à chacun les chances de concourir à armes égales. Rappelons-le de nouveau : la République, c’est permettre à chacun de s’élever selon ses talents, ce n’est en aucun cas l’élévation par le fait du prince.

Aujourd’hui, on préfère accueillir la jeunesse dorée du monde entier (un élève sur deux est étranger), comme si l’on souhaitait à tout prix prendre sa part dans la formation d’une élite mondialisée à laquelle on fait miroiter une carrière aux riches émoluments. Peut-être est-ce d’ailleurs ce contrat tacite qui a permis la hausse des frais d’inscription — pourtant de nature à effrayer les jeunes issus de milieux modestes — et qui nous permettrait de comprendre pourquoi personne en interne n’a trouvé à redire aux récentes révélations de la presse. Où étaient donc nos syndicats de gauche d’habitude si prompts à faire la leçon ? Mais passons. Où est passé le sens de l’intérêt général ? Par charité, on intègre maintenant quelques gamins des banlieues, au mieux pour corriger avec une grossièreté proprement effrayante les ravages d’une idéologie que l’on cautionne pourtant par ailleurs — les pédagogues et leur cortège d’échecs retentissants —, au pire pour s’acheter une bonne conscience et faire illusion. On applique un pansement sur une jambe de bois dans une confusion totale digne des saignées du docteur Diafoirus. Où est le mérite, la promotion par le talent, l’égalité républicaine qui fonde notre pacte social depuis la Révolution et cette fameuse nuit du 4 août 1789 qui vit l’abolition des privilèges ?

Monsieur Descoings ne fut pas irréprochable dans la mission qui lui fut confiée à la tête de l’une de nos plus prestigieuses écoles. Faire de lui, à l’occasion d’un décès surprenant et regrettable, un grand serviteur de la cause républicaine relève de la mystification, lui qui en fut l’un des fossoyeurs les plus médiatiques. Et s’il s’est avéré être un visionnaire, c’était à coup sûr d’une société qui ne me fait définitivement pas rêver. À l’heure où nous avons tous une pensée pour sa famille, ses proches et ceux qui l’admiraient, on ne m’empêchera pas de souhaiter que son œuvre ne lui survive pas.

Gurval, 5A EcoFi – Sciences Po Rennes



29 commentaires

  1. Pé Gé dit :

    Il est tout-à-fait louable d’invoquer l’égalité républicaine à coup d’appels du pied à la DDHC et à la nuit du 4 août. Il est en revanche nettement plus discutable d’invoquer celle-ci afin de justifier « l’égalité dans l’accès » à Sciences Po par l’existence d’un « concours égalitaire ». As-tu déjà entendu parler du concept d’égalité des chances ? Tu reconnais pourtant que l’école est « brisée », qu’on n’offre plus à tous « les chances de concourir à armes égales ». Il faut aller au bout du raisonnement. C’est bien parce que l’école républicaine ne fournit pas à tous les bagages constitutifs d’une culture classique qu’il faut chercher des palliatifs à un concours ipso facto non-égalitaire. On peut en conséquences reconnaître que les mesures Descoing ne sont pas des mesures de capitulation, mais bien des corrections ex post à un système inefficient.

    Dans un second temps, on peut en effet discuter de l’efficacité de ces conventions ZEP – qui ne font d’ailleurs pas, à ce que je sache, l’objet d’une unanimité laudatrice -, on peut toutefois également discuter le fait de résumer – comme tu le fais – un oral d’admission à un « fait du prince ».

  2. Garry Cooper dit :

    Je désespérai de voir surgir un tel article sous la plume d’un étudiant d’IEP. Je constate avec plaisir que certains ont gardé leur sens critique.

    Merci !

  3. delphine dit :

    Je pense que ce « billet » comme cela est appelé ou plutôt ce « torchon » de banalités attendues et autres lieux communs est l’oeuvre d’un brillant élève qui a raté Sciences-Po Paris et qui refuse d’assumer la réalité de son échec.

    Non, l’oral d’admission ne peut être résumé à un « fait du prince. »

    Non, la « capacité brute » des candidats n’est pas un critère suffisant pour l’évaluation ; et oui, la personnalité d’un candidat est un critère intéressant, quoique insuffisant (d’où les épreuves d’admissibilité à l’écrit).

    Non, l’origine sociale élevée n’est pas un critère de sélection – et j’en connais quelque chose, Sciences-Po ayant une réelle politique de diversité, qui ne peut combattre à elle seule la reproduction sociale.

    Non, Sciences-Po ne fait pas peur aux classes modestes (et j’en sais quelque chose encore une fois) – les bourses sur critères sociaux sont complétées par d’autres bourses, les photocopies et impressions sont à des prix dérisoires, une fois le crédit gratuit épuisé.

    Non, Richard Descoing n’était pas parfait, mais tout de même excellent dans sa capacité à porter l’école au niveau de l’excellence universitaire internationale, à attirer les plus grands universitaires, à décrocher les meilleurs partenariats.

    Non, Monsieur l’auteur de ce torchon, vous n’êtes pas le pourfendeur de la vérité, mais seulement une plume assez médiocre et qui, au nom d’une soi disant égalité, mais d’une véritable amertume, critiquez une institution que vous connaissez mal, un concours que vous avez raté (-quelle objectivité !-) et un directeur qui est mort il y a une semaine à peine.

    Triste et vulgaire !

    Je vous invite à venir constater la vie de cette école à laquelle vous n’appartenez pas et à évaluer le niveau de satisfaction des élèves, qui est très élevé et qui justifie l’ « hagiographie » de Richard Descoing.

    • Frédéric dit :

      Reduire cette critique à une frustration de provincial, une belle coutume parisienne! Et qui laisse dès les premières lignes présager de l’argumentation de bas étage qui doit suivre.
      Prendre un ton théâtral pour répéter un « Non » autoritaire sans prendre le temps ensuite de poser de vrais arguments n’apporte en effet absolument rien au débat. Même le contenu de ces contre-assertions est d’une faiblesse désarmante : « les épreuves d’admissibilité en complément des écrits » pour démontrer le sérieux de la selection à sciences po Paris ? Cela ne démonte en rien l’argument comme quoi les candidats « zep » ont droit à des privilèges qui faussent la valeur de leur admission. « des crédits photocopies à prix dérisoires » comme politique sociale ? Est ce que c’est une blague ? La capacité du « pas parfait mais tout de même excellent » monsieur Descoings à décrocher les meilleurs partenariats comme preuve de son incroyable compétence ? Encore mieux ! Bien évidemment aucun autre homme que « Richie » n’aurait pu avec la renommée de l’ecole et ses moyens financiers nouer les mêmes partenariats…
      Un commentaire bien utile à la verve convaincante et nuancée. On peut seulement espérer que sciences po Paris après quinze ans de régime Descoings ne soit pas devenu une machine à former des étudiants prétentieux et endoctrinés.

    • ComeOn dit :

      Bonsoir à tous et surtout à toi, Delphine,

      Je n’ai qu’une chose à dire concernant l’accès aux catégories les plus modestes : IEPEI !
      L’IEP de Paris n’a pas prévu de préparer dès la première (voire seconde) les lycéens au concours qui leur est proposé. Il les sensibilise, mais ce n’est pas en ouvrant les portes sans la clé « concours » que l’on joue sur le terrain de l’égalité des chances. Je n’ai pas passé le concours de Paris (coût des études, logement, pas de prépa payante possible…) et j’ai pourtant eu celui d’un IEP de région.
      Ce concours, je l’ai préparé grâce à une prépa gratuite financée en partie par une autre prépa IEP « Tremplin » (la moins chère du marché et avec de très bons résultats par ailleurs).
      Il me semble que passer le même concours que les autres, en ayant été aidé par la prépa des l’IEP, est une grande satisfaction pour chacun de ceux qui sont dans un cas similaire au miens. C’est aussi une preuve qu’il est possible pour TOUS (avec parfois une aide en amont) de rentrer par cette voie républicaine.

      Bon courage à vous collègues parisiens,

    • Ludovic L dit :

      Aggressive sur la forme, tandis que le fond est absent. Delphine, vous êtes une pimbêche.

      • Griswald Vlakos dit :

        Et c’est quelqu’un qui s’y connaît en commentaires sans argumentation, et qui sait très bien qu’il vaut mieux insulter que de réfléchir qui vous le dit, foi de Ludovic L, spécialiste de la spécialité !

      • Ludovic L dit :

        L’hôpital qui se fout de la charité. Relisez vos commentaires : qui insulte qui?

    • Rex dit :

      Un bon article, sans agressivité, qui a le mérite de remettre quelques éléments en perspective… et de révéler l’esprit de caste qui anime certains iepiens (soyons honnête) à Paris comme ailleurs, mais à Paris plus qu’ailleurs!
      Delphine… en voyant le niveau de votre argumentation vous confirmez un point: le concours d’entrée à Sciences po Paris mériterait bien d’être réformé!

  4. Larochedrue dit :

    Dans une logique d’égalité républicaine, ne serait-il pas davantage judicieux, plutôt que de mettre en place des conventions ZEP qui ne sont ni plus ni moins que des passes-droits, de créer une prépa spécifique aux tarifs abordables pour permettre aux lycéens de ZEP de se préparer efficacement au même concours que les autres? On compenserait ainsi en partie les inégalités culturelles liées aux origines de chacun, tout en évitant de créer une voie de garage pour intégrer l’IEP.

    Ce n’est pas au lycée que la plupart des étudiants d’IEP acquièrent la préparation nécessaire au concours, mais bien à IPESUP et autres.

  5. Larochedrue dit :

    Delphine : moi je moi je moi je, et pis t’as pas eu le concours, na (vous connaissez l’auteur je présume).

    Ad hominem tout ça. Essayez encore. Non mais vraiment, parce que là c’est d’une rare laideur.

    Bien cordialement

  6. Pé Gé dit :

    @Larochedrue
    Je pense qu’on peut nuancer l’idée de « passe-droit », mais sur le fond, oui, et dans cette direction :
    http://www.iepei.com/page.php?P=fo/public/menu/gestion_front/index&id=404

  7. Goulc'hen, plus breton que Gurval lui-même dit :

    Gurval, c’est très médiocre.

    La prochaine fois que tu choisis un titre aussi pompeux et t’ériges en décrypteur minutieux d’une réalité qu’on nous aurait cachée, prends garde, champion, à ce que tes révélations soient fournies et ta critique tranchante.

    Sur la forme, tu mélanges tout. Les hommages adressés aujourd’hui à l’homme ne concernent pas la gouvernance de Sciences Po, décrite notamment dans la série d’articles de Médiapart que tu cites. La gouvernance de l’IEP n’était pas pérenne et devait nécessairement être réformée. Tout le monde le sait, même avant que toi, Gurval, ne prenne la parole dans une grande mission qui t’as été assignée par la République en personne. Descoings a en revanche eu le grand mérite d’introduire des principes de justice dans la politique éducative et de recrutement de son école, et de les faire accepter, ce qui a été un grand combat. C’est plutôt ceci qui est souligné et rappelé depuis sa mort.

    Sur le fond :
    Les conventions ZEP ne concernent plus une dizaine de « banlieusards ». Ce sont aussi des jeunes de villes moyennes de province, et ils sont désormais une proportion des élèves que l’on peut qualifier de significative. Ce n’est pas un symbole, c’est une mesure corrective, à l’échelle de Sciences Po, pas de l’ensemble des établissements de l’enseignement supérieur qui fournissent les grands corps de l’Etat (X, Ponts, etc.) Sciences Po ne diplôme qu’un millier de personnes par an, il ne peut porter la responsabilité des difficultés connues par le reste du système éducatif et le fait que la méritocratie ne fonctionne pas de la maternelle au supérieur.

    Tu fondes ta critique des mesures de recrutement initiées par Descoings sur une belle description théorique de la sélection de la haute fonction publique d’Etat et de son fonctionnement. A la sortie de Sciences Po pour toi, 100% des élèves sont des hauts fonctionnaires. Ils sont désintéressés, purs produits de la méritocratie, issus d’un traitement égalitaire dont la République est garante, un véritable modèle à la Weber . Ce modèle est très utile pour définir comment devait être pensée l’administration publique quand on l’a structurée, même avant de Gaulle. Il n’est en revanche pas du tout adapté pour décrire ce qui se passe vraiment. Ni aujourd’hui, ni hier Gurval. Ton image d’une méritocratie pure avec un concours de la fonction publique garant d’une sélection irréprochable en fonction du talent de chacun, relève du fantasme. C’est une vénération d’un idéal-type qui n’a jamais existé dans sa forme pure, Gurval. Le copinage a toujours fonctionné, peut-être plus intensément sous De Gaulle qu’aujourd’hui. Tu essayes de faire coller rétrospectivement la réalité à un modèle, au lieu du contraire. C’est beau, mais c’est loin d’atteindre son objectif.
    Aujourd’hui, le concours qui t’es si cher n’a d’égalitaire que l’adjectif que tu lui adjoins, tant sont flagrants les biais à la sélection qui ne se fait justement pas à « armes égales ». Déjà dans les années 60 flotte à Sciences Po un doux parfum de fin de race et de reproduction sociale. Les 40 années qui ont suivi ne changent pas la donne.

    Descoings était loin d’être un homme parfait. il n’avait peut-être pas toujours le courage de s’appliquer à lui-même les idées qu’il défendait en public, notamment dans la gestion quotidienne de son établissement. En revanche, les principes défendus puis mis en œuvre sont loins d’être un cache-sexe. Les étudiants issus de convention ZEP de ma promotion qui pour certains se sont destinés à de hautes fonctions administratives réussissent avec brio les concours auxquels ils se sont inscrits avec la volonté d’oeuvrer tant pour eux que pour la République que tu aimes.
    Ne t’inquiètes pas, Sciences Po continue et continuera de former d’excellents fonctionnaires, à coté de brillants consultants, juristes, urbanistes, chercheurs, directeurs financiers, analystes, etc…

  8. Hendrixx dit :

    J’ai eu du mal à finir l’article tellement le style est pompeux.

    […]le saccage méthodique de l’institution la plus républicaine de l’école : son concours d’entrée. Suppression de l’épreuve reine de Sciences Po, la culture générale[…]

    A mon avis il s’agit justement de l’épreuve qui favorise le plus les élèves issus des bonnes familles, pour laquelle la transmission du capital culturel des parents prime sur les efforts fournis par l’élève.

  9. Griswald Vlakos dit :

    Une petite remarque concernant les remarques sur la suppression de la culture générale au concours d’entrée, taxée d' »anti-réflexion » par d’aucuns.

    – Premièrement, il est absurde de mettre un concours de culture générale à l’entrée d’un établissement auquel on est censé accéder à la sortie du lycée. En effet, le concours d’entrée est – paraît-il – censé retenir les meilleurs en terme de capacités. Or, acquérir une « culture générale » avant le début de la formation est uniquement lié à
    -> Des dotations fortes au sein de la famille
    -> Une volonté de fer de la part de l’étudiant
    -> Un fonctionnement volontariste venant des profs
    Or, il est évident que le premier cas est le plus efficace. Dès lors, il est absurde de défendre une épreuve supposée garantir l’égalité devant le concours tout en défendant un contenu qui favorise les héritiers. La culture générale s’acquiert dans le supérieur, mais pas dans le secondaire. Je repense à ce titre à une prof de culture gé qui nous en voulait, au début du semestre, de ne pas déjà connaître le contenu de son cours.

    – L’épreuve de « culture générale » n’a jamais été une épreuve de culture générale. Quand on trouvera dans les épreuves de culture générale des sujets ne favorisant pas systématiquement la haute extraction, on parlera de sa généralité. En attendant, tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à de la culture populaire, de la manga au rap en passant par tous les médias de masse, est méprisé par les parangons de la culture générale comme étant de la sous-culture ou même de la non-culture. Donc l’épreuve de « culture générale » est en fait une épreuve de « culture dominante », avec les conséquences que l’on sait.

    Dernier point : quand bien même, comme l’indique la référence dans le chapô à la situation « toujours inexpliquée » du décès de cette personne, les rumeurs scabreuses qui tournent (et selon lesquelles le sexe, la mafia, la drogue et autres sont liées à ce décès) seraient vraies, nous rappellerons à ce « républicain » en chemise verte et courte qu’on ne juge pas de l’action publique d’un homme à travers ses frasques privées. Une règle traditionnelle de la politique française que nos amis les « républicains » tendent à oublier régulièrement…

    • Ludovic L dit :

      Le fait est qu’un concours se prépare. L’épreuve de culture générale est accessible à n’importe quel étudiant s’étant préparé au cours de la terminale. Un étudiant incapable de se préparer à un concours n’a pas sa place à Sciences Po.

      Par ailleurs, je ne vois pas en quoi l’origine sociale est un critère pertinent pour déterminer si un candidat mérite ou non d’intégrer l’école. La prétendue « discrimination sociale » à laquelle l’épreuve de culture générale procéderait est donc complètement hors sujet.

      • Griswald Vlakos dit :

        Je pense que vous n’avez pas lu ce que j’ai écrit. Si c’était le cas vous n’auriez pas écrit ce que vous avez écrit, à moins d’être stupide.

        En fait vous fantasmez un concours de culture générale qui n’existe pas. Et pour faire écho à votre phrase, la prétendue « compétence » est complètement hors sujet.

        • Ludovic L dit :

          Restez poli.
          Vous confondez les deux sens du mot culture, partant de là évidemment nous sommes dans un dialogue de sourd.

          L’épreuve dite de culture générale entend mesure l’aptitude de l’élève à raisonner et à analyser à partir de connaissances personnelles, ce que j’appelle une compétence.

          Mais effectivement, vous avez raison, j’ai du mal lire, je n’avais pas vu le passe sur les mangas et le rap, c’est du marxisme culturel de bas étage et c’est si grotesque que je demande pourquoi j’ai pris la peine de vous répondre.

          • Griswald Vlakos dit :

            Et c’est vous qui me demandez d’être poli… Et je ne confonds pas les deux sens du mot culture, contrairement à vous qui prenez vos fantasmes pour la réalité.

            Si je peux me permettre, le rap, la bande dessinée et les autres formes de la culture de masse sont des formes construites. Le fait que vous ne soyez pas capables de les comprendre et que vous en soyez incompétent ne les rend pas d’une qualité moindre. Pour l’allégation de marxisme, elle est revendiquée. En revanche il s’agit d’un marxisme de haut étage. Bref, vous illustrez bien ce que je disais dans mon premier message.

            Bref, pour conclure, mon tout petit, il sera temps de grandir et d’arrêter de vivre dans un monde onirique, quand vous aurez pris le temps de vous instruire, aussi, vous pourrez méditer sur cette phrase : « Le jour où tu dessineras aussi bien qu’un Miyazaki, tu le traiteras de grotesque. En attendant, tu es juste un mec un petit blanc de la culture ». Et ça c’est grotesque.

          • Griswald Vlakos dit :

            D’ailleurs, s’il y a une chose à retenir de votre commentaire, c’est surtout que vous répondez avant de lire ceux des autres. Une attitude qu’un « marxiste » comme moi ne se permettrait pas d’avoir, mais qui est manifestement l’apanage des hommes de « haute culture »…

      • Ludovic L dit :

        Où ai-je écrit que les mangas étaient grotesques?

        Je ne vois pas où vous voulez en venir.
        Dans « culture générale », le mot culture signifie connaissances, et effectivement, je vous rejoins en ce point, le mot « générale » est en trop puisqu’il s’agit essentiellement de mesurer les connaissances mobilisables sur un sujet politique. Or pour ce faire les mangas ne sont pas d’une grande aide, je n’y peux rien. Cela dit, Le Capital existe en version manga.

        C’est l’intérêt pour la politique qui pousse une grande partie des concourants à Sciences Po. Or, le type d’intérêt pour la politique qui pousse à concourir pour Sciences-Po est inégalement réparti dans la société. Je n’y vois pas là un problème, mais j’imagine que cela dérange les marxistes. Dès lors, que comptez-vous faire? Modifier l’intitulé de la formation? Forcez les lycéens à s’intéresser à la politique? ah mais l’accès au lycée est inégalitaire! Faut-il donc recruter des collégiens? Après tout eux aussi ont leur petit capital d’une culture non-dominante.

        Par ailleurs, je constate que l’augmentation des inégalités d’accès dans les grandes écoles coïncide exactement avec la pénétration des idées « bourdieusiennes » (pour faire vite) au niveau du ministère de l’Education et des idées « pédagogistes » (là encore pour faire très vite) au niveau des IUFM. En somme, dès lors que l’on a renoncé à élever les élèves à un certain niveau de culture générale et de capacité d’analyse (en particulier au lycée, puisque c’est son rôle, ne vous en déplaise), dès lors que l’on a abaissé l’école au niveau de sa population, les inégalités ont augmenté. C’est logique : lorsque l’on n’enseigne plus les clés de la culture « dominante » à tous, seuls ceux qui y sont personnellement/socialement portés y ont accès.
        L’UMP et le PS sont complices de ce saccage. Gauche/Droite, ils ont tout cassé, comme dirait l’autre.

        • Griswald Vlakos dit :

          Ce qui est bien avec ce commentaire, c’est qu’il accumule tout ce qu’il y a de débile dans le discours des pseudo-républicains : dire tout et son contraire, faire des attaques ad hominem, prendre comme pétition de principe des choses fausses pour ne pas avoir à se confronter à la réalité, rejeter les échecs d’un mécanisme social fantasmé comme parfait sur la « perte des valeurs », tenter de pousser dans l’absurde un argumentaire réfléchi…. Vous vous posiez plus tôt la question de savoir pourquoi vous avez pris la peine de me répondre, eh bien je pense que vous pouvez en avoir une réponse assez simple : Au moins, vous faites rire les gens.

          Sur ce, amusez-vous bien dans votre monde de bisounours. Et mes salutations à Marine le Pen, qui reste encore le plus formidable outil de reproduction du système que le capitalisme ait trouvé.

          • Ludovic L dit :

            C’est bien commode. Vous versez dans l’insulte plutôt que de répondre.
            Savez-vous seulement ce qu’est un ad hominem?
            Et puis, vous analysez mal : je ne suis pas républicain et je me fous comme d’une guigne de la reproduction sociale.

  10. ZNAIEN dit :

    J’ai (difficilement) réussi à finir cet article, dont un point en particulier m’a fait bondir. « les pédagogues ont brisé l’école » et « les pédagogues et leur cortège d’échecs retentissant ».
    Pour qui vous prenez-vous monsieur ? Connaissez-vous quelque chose à l’idéologie que vous critiquez aussi facilement ? Avez-vous déjà lu un livre de Meirieu, et si oui, avez-vous déjà ouvert une fois les cahiers pédagogiques ? Connaissez-vous des enseignements qui pratiquent ces théories ?
    Connaissez-vous quelque chose par ailleurs concrêtement au monde de l’enseignement ? Avez-vous déjà enseigné dans le secondaire pour savoir de quoi vous parler, essayé des pratiques de pédagogiques, discuté avec des élèves?
    Que voulez-vous, un cours magistral à l’enseigne, comme au bon vieux temps de la République ? Si c’est le cas, cela montre assez bien que vous essayez de faire illusion intellectuellement en vous appropriant un discours que vous avez entendu ailleurs, sans avoir de recul, d’expériences personnelles par rapport à ces théories, qui à mon sens tentent au contraire de remettre la République, c’est à dire l’égalité au coeur d’une éducation nationale par ailleurs par nature inégale.

  11. Seb dit :

    Je remarque avec gourmandise que le débat tourne autour de l’entrée à Sciences Po Paris. Rien sur les modes de rémunérations vertigineuses pendant que l’on retire des postes aux IEP de Province, au mépris de l’esprit qui a guidé et devrait guider encore, la fédération NATIONALE des Sciences Politiques…

    Où est le grand serviteur de l’Etat ?

  12. Ana G. dit :

    Delphine croit-elle juger quelqu’un d’autre qu’elle-même ?
    Quelqu’un sait-il comment Richie D. (prononcer à la française), fils de calvinistes, finit son parcours sur terre à St Sulpice au son d’une messe en latin ? Conversion ? Ou décision de la veuve voilée ?

  13. […] pour et le contre afin de se positionner. Pour un étudiant de Sciences Po Rennes, déjà publié ici, c’est tout vu : pour un patriote, ce sera le Président sortant plutôt que le candidat […]


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