La rentrée des séries : un cru décevant

 Si la rentrée des classes a déjà commencé pour une majorité des petits et grands, il faudra attendre la mi-septembre pour celle des séries chez les networks américains. Selon une étudiante de Sciences Po Strasbourg l’Ecole de journalisme de Sciences Po Paris, la rentrée 2012 s’annonce bien mauvaise…

Les critiques télé s’accordent à dire que ce cru 2012 est particulièrement mauvais, surtout lorsque l’on observe que la majorité d’entre eux annoncent que Nashville (ABC) sera la meilleure série dramatique de l’année et que Partners (CBS) se hissera dans le Top 5 des séries comiques les plus drôles.

Les chaînes américaines ont oublié qu’il fallait faire rire le public pour être reconnues comme des comédies. Go On (NBC) signe l’énième comeback de Matthew Perry à la télévision mais ne parvient que difficilement à arracher un sourire au téléspectateur tellement les blagues et les mimiques de l'acteur sont lassantes. On en viendrait presque à espérer qu’un fusible saute pour avoir une bonne excuse d’éteindre la télé.

Dans la lignée des séries comiques pas très drôles mais pleines de bons sentiments, The New Normal (NBC) est maîtresse en la matière : la nouvelle production de Ryan Murphy (Nip/TuckGlee, American Horror Story) se concentrera sur un couple gay et la mère porteuse de leur futur enfant. Si la série ne sera sans doute pas la comédie de l’année, elle a au moins le mérite de montrer, à une heure de grande écoute, des personnages LGBT, ce qui lui vaut d’ailleurs d’être déjà censurée dans le Utah aux Etats-Unis. On aurait pu dire la même chose de Partners (CBS) si cette dernière n’avait pas abusé de stéréotypes pour représenter deux meilleurs amis, un hétéro et un gay qui travaillent dans la même entreprise d’architecture, sur fond de rires enregistrés, propres aux sitcoms des années 1990.

A côté, Guys With Kids (NBC) passerait presque pour une production drôle, alors qu’elle accumule tous les clichés utilisés par les séries comiques de ces cinq dernières années : les jeunes pères, la « Bromance » (l’amitié entre hommes), les relations homme femme… Un florilège de thèmes usés jusqu’à la corde qui ne méritaient pas une nouvelle série et qui ne s’étendra sûrement pas au-delà d’une saison.

Néanmoins, la palme revient à The Neighbors (ABC) qui met en scène une famille américaine qui déménage dans un quartier résidentiel entièrement tenu par… des extraterrestres. Verts. Faut-il en dire plus ?

Que reste-t-il alors pour se détendre et sourire un peu devant sa télévision, à part attendre le retour de Community, Modern Family ou encore le très espéré comeback de Arrested Development ?

Pour l’instant, The Mindy Project (Fox) se vend bien grâce à la personnalité de Mindy Kaling qui s’est illustrée dans The Office en incarnant l’hilarante Kelly Kapoor pendant huit ans, mais manque encore de piquant et d’autodérision, en tout cas pour ce que l’on voit de la série dans les trois minutes de bande-annonce [youtube]http://www.youtube.com/watch?v=j0atkuby1SY[/youtube].

Celle qui a une longueur d’avance, c’est en fait Ben and Kate (Fox), qui relate les aventures d’un frère et une sœur, une histoire qui a le mérite de ne pas faire immédiatement sombrer les personnages dans des péripéties de comédie romantique mais plutôt de rester sur le thème de la famille. Mention spéciale à la petite Maggie Elizabeth Jones, atout charme/chou de la série du haut de ses sept ans. Le bémol : un trailer de presque cinq minutes qui ne laisse pas grande place à l’imagination et révèle déjà tous les moments clés de l’épisode Pilot.

Restent les séries dramatiques, souvent plus reconnues par la critique, qui cette année subissent également la pénurie de nouvelles idées qui fait rage au pays des scénaristes.

Chicago Fire (NBC), par exemple, fait débat. Si certains affirment que la production est intense, il est difficile de ne pas réaliser que les pompiers étaient probablement le dernier corps de métier qui n’avait pas sa propre série télévisée. Difficile de résister à s’engouffrer dans la brèche ?  A regarder pour le torse nu des hommes du feu.

Cependant, c’est la chaîne CW qui fait des ravages dans le paysage télévisuel en promouvant à la fois Cult, une série « mise en abîme » qui montre des jeunes gens tellement fascinés par des crimes mis en scène à la télé qu’ils les reproduisent pour de vrai, mais également Beauty and the Beast, affligeante de tous points de vue, remake de La Belle et la Bête avec Kristin Kreuk et une « bête » incarnée par un mannequin qui arbore une petite cicatrice sur la joue droite.

Elle diffusera également Arrow, un spin-off de Smallville qui se concentre sur Green Arrow, un super héros lisse mais qui fera sans doute baver les ménagères devant leur écran.

Plusieurs points communs entre cette dernière série et Revolution (NBC), le blockbuster de la rentrée sur lequel les producteurs misent beaucoup. Non seulement l’action est au rendez-vous, mais les armes ancestrales ne manquent pas dans cette série qui se situe dans un futur proche, alors qu’un « blackout » mondial a causé une coupure de courant à la fois permanente et généralisée. Evidemment impossible de remettre l'électricité en route avec le disjoncteur différentiel ! Un peu de mystère à la Lost (trouver son héritière reste encore le fantasme des chaînes américaines), une bonne dose de combats, une louche de science-fiction et on a sûrement la série à succès de l’année, du moins auprès du public.

ABC a, quand à elle, tenté un coup de poker en proposant Last Resort, qui a le mérite d’être située dans un lieu pour le moins sous-exploité à la télévision : un sous-marin. De sombres histoires de relations internationales, d’objection de conscience et de patriotisme qui donnent, ci ce n’est l’envie de suivre la série, au moins celle de regarder les premiers épisodes pour se faire une opinion.

La Fox devra se défendre avec The Following, intéressante sur le papier car le héros principal n’est autre que Kevin Bacon, mais qui a l’air un peu difficile à suivre avec son histoire de tueur en série qui créé un réseau de meurtriers grâce aux médias sociaux. Petit bonus tout de même : les amateurs de thrillers qui donnent la chair de poule devrait apparemment apprécier.

Vegas (CBS), quant à elle, s’inscrira dans la lignée des séries « historiques » qui fleurissent depuis le succès de Mad Men et dessinera les contours de la création de la ville de Las Vegas dans les années 1960 alors que la corruption régnait en maitre sur les environs.

On en revient à Nashville (ABC) qui met en scène Connie Britton en ancienne chanteuse country à succès qui est contrainte de travailler avec une jeune starlette dans la veine de Taylor Swift, incarnée, il faut l’avouer, brillamment, par Hayden Panettiere, à qui le rôle de jeune garce va comme un gant.

Néanmoins, le fait que ce soit le drame le plus attendu de cette année montre bien les limites de ce cru 2012-2013, décidemment très décevant.



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