Inter-connexion et l’idéal républicain

Par Placide

 

 

Inter-connexion (voir le site Internet) fait un tabac chez les IEPiens inscrits sur Facebook, tout le monde l’aura remarqué. De quoi s’agit-il ? D’un club qui entend « unifier nos réseaux et partager nos connaissances » afin de « décupler les opportunités offertes aux jeunes diplômés ». À première vue, rien ne permet de douter des nobles ambitions de ses promoteurs, bien au contraire ! Utile pour les futurs diplômés, ce projet a tout pour être très apprécié. Mais ne procède-t-il pas d’une vision de la société a minima discutable ? Expliquons pourquoi.

 

 

 

Les idéologues purs et durs – nous en connaissons tous – ont coutume d’affirmer que tout, absolument tout, est politique. Une fois n’est pas coutume, donnons-leur raison. Car Inter-connexion sert un idéal politique particulier, bien qu’il y participe de façon probablement très involontaire. Par-delà les bonnes intentions, ce projet concourt en effet à une logique néfaste que nous pouvons identifier à trois niveaux : sa dimension économique, son impact social et la vision politique de long terme qu’elle promeut pour notre société.

 

 

 

Inter-connexion, c’est d’abord une raison d’être économiquement discutable. Si l’on en croit la description faite par le site Internet, il s’agirait « d’améliorer la mobilité professionnelle internationale », ce qui semble logiquement présupposer l’existence d’un marché mondial du travail. Disons-le tout net : ce marché n’existe pas. Les « opportunités » dont il est question se situent juste sur d’autres marchés que le nôtre. Il serait dangereux de se leurrer : à l’heure actuelle, seuls les mouvements de capitaux sont réellement mondialisés. Les personnes, au contraire, sont attachées à un territoire propre : le leur. Aussi, Inter-connexion part d’un présupposé extrêmement progressiste vis-à-vis de la mondialisation en considérant, en filigrane, que puisque les capitaux sont mobiles, l’avenir est également à la mobilité de la main d’œuvre. Moralité : autant accompagner ce mouvement en mettant en place des outils le facilitant. Soit. Mais au-delà de l’aspect sympathique de la démarche, force est de constater que celle-ci est avant tout irréaliste : imagine-t-on sérieusement que les peuples sont prêts à quitter leur pays pour s’en aller chercher des opportunités ailleurs ? Imagine-t-on mettre en place une telle mobilité alors même que l’on se rend compte – et à quel prix ! – à quel point la mobilité totale des capitaux est nuisible ? Imagine-t-on enfin occulter que les politiques économiques sont aujourd’hui encore – vox populi gratia – le fait des gouvernements nationaux ? À moins de souhaiter leur régression et celle de toute autre entité non-mondiale, la raison d’être économique d’un tel projet a de quoi susciter une légitime méfiance.

 

 

 

Inter-connexion, c’est aussi une conception pour le moins particulière de l’équité sociale. Visiblement, et outre le gadget « cercle de réflexion », l’objet de ce réseau n’est autre que de « réseauter ». Mais doit-on préférer à l’interaction au grand jour le recours aux coulisses, où l’on se retrouve entre amis ? C’est une logique qui n’est pas sans rappeler la cooptation pratiquée par le Rotary ou autres Lions Clubs. Inter-connexion entend d’ailleurs être un « réseau de proximité » en ne permettant les contacts de membre à membre que par le biais d’une connaissance commune : ne s’agit-il pas d’une prime aux âmes bien nées par rapports aux talents de chacun ? Qu’advient-il de celui qui n’est pas assez introduit pour profiter de ces « petits arrangements entre amis » ? Cet esprit de proximité ne serait-il pas avant tout un esprit de caste où la mobilité sociale se figerait ? Ce club, qui entend « démultiplier les opportunités », ne serait-il pas un Pôle emploi pour milieux autorisés ?

 

Précisons, à cet égard, que ce groupe ne s’adresse pas à n’importe quelle main d’œuvre. Si Inter-connexion a pour vocation de rassembler des « opportunités », elles concernent avant tout les élites, car il s’agit de la seule main d’œuvre qui sait tirer profit de la mondialisation et qui a les moyens de s’expatrier. Doit-on rappeler que ces flux de travailleurs très particuliers relèvent de l’exception ? Au quotidien, ce sont bel et bien les emplois qui s’exportent d’un pays à l’autre, et non les employés. C’est ainsi que, non contente de ne profiter qu’à une infime partie de la population, la logique qui prévaut à la création d’Inter-connexion se révèle a fortiori nuisible au reste des Français en encourageant un mouvement que l’on tente par ailleurs d’enrayer.

 

 

 

Négliger toute rupture d’égalité entre les citoyens relèverait, nous le croyons, d’un jeu dangereux, car on toucherait là à l’un des fondamentaux de notre pacte républicain. Ça le serait d’autant plus que les problèmes économiques et sociaux mis en exergue ci-dessus ne sont que les effets collatéraux d’une vision plus globale : ils sont à la fois une illustration et un vecteur de l’oubli des principes républicains et de leur ancrage national.

 

 

Logo RF

 

 

Car enfin, Inter-connexion participe d’une logique qui ne surgit pas ex nihilo ! Au contraire, cette logique est le fruit de choix idéologiques qui engagent l’évolution de notre société : on la veut davantage libre et on estime pour ce faire qu’il faut encourager « l’ouverture » en supprimant tous les freins à la mobilité. Jetons à bas les barrières ! Notons bien qu’en disant cela on ne s’engage pas à contre-courant. Depuis un certain temps déjà, néolibéraux débridés et gauchistes libertaires ont curieusement su se retrouver pour une entente de circonstances. Oh, les intentions sont nobles ! Pour les uns, il s’agit d’apporter la prospérité économique générale ; pour les autres, il faut prévenir les pulsions belliqueuses par l’apprentissage de la tolérance. Abolir les frontières en libérant les capitaux et les individus, passer outre les cultures et les ancrages, ce ne sont là rien d’autre que des implications de cette ambition globalisante. Convenons-en : Inter-connexion semble avoir plutôt bien appris sa leçon. (Le choix de l’anglais comme langue première du projet est, à ce titre, édifiant ((Cf. le site Internet du club Inter-connexion où la devise « Leadership, diversity and opportunity » fait écho à d’autres encarts (« Entrepreneurial team are at the heart of any new project ») au milieu de paragraphes pourtant exclusivement destinés à des francophones. Le choix de l’anglais, dans ces conditions, trahit une certaine uniformisation culturelle – voulue ou subie – alors même que la langue employée conditionne de façon déterminante notre façon de percevoir notre environnement, et donc notre richesse.)).)

 

 

Pourtant, au grand dam des nobles mondialistes, cette vision globale n’a rien d’achevée et doit se frotter à une réalité complexe mais solide : la nation. Obstacle concret à l’ouverture totale, on cherche donc à l’éliminer sans lésiner sur les moyens. Tout est bon pour bâtir un monde meilleur ! C’est ainsi que l’on ringardise une entité dépassée en prônant la fin d’une « gloriole » que l’on méprise. On la discrédite aussi, en expliquant qu’elle est mauvaise par essence et source des pires nationalismes. On tente enfin de la faire oublier en rendant inéluctable la marche vers le supra-national. La nation est une réalité : elle encaisse mais tient toujours debout. Beaucoup plus fragile, le sentiment national, lui, s’affaiblit. Est-on seulement conscient de ce que cela implique ?

 

 

La mort du sentiment national, c’est à terme la fin de la solidarité. Rien de moins. La solidarité, pour s’exprimer véritablement, nécessite un cadre organisé et une légitimité forte qui permettent la mise en œuvre d’une redistribution, ce sans quoi l’individualisme prend le dessus. Or ce cadre comme cette légitimité ne se retrouvent pas au-delà de la nation, cette association de citoyens partageant une histoire, une langue et des valeurs communes. Au final, en détruisant ces liens, on prône l’intérêt de l’individu avant celui de la société, du particulier avant le bien commun.

 

 

Cependant, la nature ayant horreur du vide, les individus s’accommodent mal de cette déchéance d’identité et ne se résolvent pas à devenir « citoyens du monde » : ils sont bien conscients que dans un tel cas ils ne seraient plus citoyens du tout puisque, le pouvoir s’éloignant de façon stratosphérique, ils n’auraient plus aucune prise sur leur destin. Aussi tentent-ils de trouver des substituts à ce sentiment national mourant. Un ersatz de nation de substitution ? Pourquoi pas, ce serait un bon compromis entre les archaïques Républicains et les avant-gardistes libéraux. Appelons donc « Europe » cette étape vers la mondialisation heureuse. Une solidarité de remplacement ? Bien sûr, mais si l’on veut qu’elle fonctionne comme fonctionnait la solidarité nationale, faisons-la uniquement avec des gens qui nous ressemblent ! C’est ainsi que l’on peut comprendre le phénomène contemporain du renforcement de l’esprit de classe, ou plutôt de caste comme dit plus haut : gageons que la mobilité sociale ne va pas aller en s’améliorant si on la fonde dorénavant sur les relations !

 

 

 

Individualisme, copinage, esprit de caste et décomposition nationale : voici le cercle vicieux du délitement républicain que révèle le projet Inter-connexion. Nous ne cautionnons pas cette vision curieusement anachronique qui fait d’une mobilité toujours plus grande un progrès pour l’humanité, à l’heure même où nous en mesurons les dégâts à l’échelle du capital. Nous n’approuvons pas la vision officielle du club qui prétend « faire partager les connaissances » car nous y voyons là, et sans vouloir douter de la bonne foi des promoteurs, une caution humaniste qui ne saurait occulter l’objet premier de ce club : le réseau pour le réseau. Car sous couvert d’« unifier nos contacts », nous assurerions en fait la défense des intérêts d’une classe, celle qui peut se permettre d’aller travailler à Sydney ou à Los Angeles. Nous ne pouvons nous résoudre à cette ruine généralisée du lien social par l’avènement d’une culture-monde réservée au gratin, aboutissement funeste de la vision dans laquelle s’inscrit, fut-ce à une échelle quasi-négligeable, le projet d’Inter-connexion. Cette classe d’élites à laquelle nous appartenons est aussi une classe privilégiée. Ne l’oublions pas et ne perdons pas de vue notre objectif suprême, qui est aussi celui de notre République : l’intérêt général.

 

 

 

David (SP, Sciences Po Rennes)
Gurval (EcoFi, Sciences Po Rennes) ((L’opinion développée n’engage que ses auteurs et non pas la rédaction.))

 



7 commentaires

  1. Comme vous avez raison ! Je partage la quasi-intégralité des conclusions de cet article. La mondialisation semble être devenue l’objectif commun d’une gauche et d’une droite qui se défont de l’idée nationale et entendent la reléguer aux oubliettes de l’Histoire. Je partage aussi votre inquiétude quant à l’affaissement du sentiment national, mais je demeure plus optimiste, car je pense que les dérives actuelles, qu’il s’agisse de l’économie mondialisée ou des bourdes toujours plus flagrantes de la Commission « Européenne » et de ses suppôts, n’échappent pas aux citoyens. La Nation tiendra bon, peut-être faudra-t-il encore beaucoup de temps pour que les gens se rendent compte de ce qu’ils perdent à soutenir cette mondialisation fade et anti-démocratique, cette propagation du conformisme à l’échelle mondiale que les apôtres de la diversité promeuvent tout en prétendant défendre le « multiculturalisme », mais les gens reviendront de ces « idéaux » de pacotille, en aucun cas aussi solides dans leurs fondations que l’idéal national, lequel résiste contre vents et marais, plie mais ne se rompt point. En revanche, je pense qu’il est tout à fait possible de défendre sa Nation et tout ce qui s’y rattache ; sa langue, sa culture, son territoire, son peuple, etc. tout en entretenant des relations commerciales, culturelles et autres avec nos voisins et les autres Nations du monde, dans un respect mutuel, cela inclut un véhicule de communication linguistique qui ne peut être que l’anglais. Cela ne veut pas dire que je souhaite éradiquer notre langue nationale, mais que le bilinguisme est un atout et il a été de tout temps, l’accent qui est mis sur les langues étrangères n’est pas l’apanage du présent ; les classes aisées du monde entier ont toujours apprécié et continuent d’apprécier de pouvoir parler français par prestige. Le français est encore une langue importante dans la diplomatie. L’anglais ne doit pas être toujours vu au travers du spectre de l’inimitié historique entre la France et le Royaume-Uni, inimitié qui n’a plus de raison d’être. L’anglais n’est pas l’ennemi du français et ne tuera pas les langues nationales, car la plupart des gens éprouveront toujours une affection naturelle pour leur langue maternelle et l’extinction démographique du peuple français n’est pas pour demain la veille. Autrement, je suis en total accord avec l’analyse présente.

  2. Hélène M. dit :

    « imagine-t-on sérieusement que les peuples sont prêts à quitter leur pays pour s’en aller chercher des opportunités ailleurs ? »

    Devant une phrase si pleine de naïveté, mon envie de rire est irrépressible.
    Mais dans quelle bulle vives-vous ?! Les MIGRATIONS INTERNATIONALES, ça vous dit quelque chose ? Tu sais, le brain drain, et puis tous ces pauvres habitants du Sud qui sont prêts à risquer la noyade pour avoir une vie décente dans un Occident qu’ils prennent pour un Eldorado ? Evidemment qu’on est prêt à quitter son pays quand on crève la dalle ! Et dire que l’un de vous est en filière Eco-Fi… Retournez en terminale, en cours de géographie, pour dessiner de jolis flux migratoires sur un planisphère.
    Ce n’est pas parce que vous défendez la nation qu’il faut nier la réalité, une réalité écrasante ! Car ces migrations concernent aussi – et ô combien ! – les élites. Les élites ne crèvent pas la dalle, elles, je vous l’accorde, mais l’ECHANGE (puisque vous fustigez l’individualisme, c’est un mot que vous devez connaître, j’imagine) des connaissances et des compétences les fait progresser. Pourquoi croyez-vous que dans les IEP on part un an à l’étranger ?

    Remarque numéro 2 : une nation existe-t-elle encore si le sentiment national est mort ? Chaque histoire nationale est inextricablement liée à beaucoup d’autres histoires nationales. La langue française est parlée dans de nombreux pays du monde (la nation québécoise et la nation française sont-elles alors une seule et même nation ?). Enfin, qu’ont les valeurs françaises de si particulier ? Vous croyez qu’on est le seul peuple civilisé ? Le seul peuple à aimer la liberté, l’égalité, la fraternité ?

    Remarque numéro 3 : il y a belle lurette que les réseaux et clubs pour élites existent et ce que promeut Interconnexion, c’est un avatar de ce qui est déjà bien réel. Bref, redescendez sur Terre, les gars.

  3. A Hélène ; les migrations internationales sont bien entendu un phénomène bien réel, problématique pour la plupart des pays occidentaux, lesquels doivent en plus remplir des quotas onusiens en termes d’accueil de « réfugiés », des contraintes dont certains se lavent les mains (en dehors de l’Occident). Cependant, les migrations ne concernent qu’une minorité de la population mondiale, il est certes absolument indispensable de maîtriser nos frontières, un objectif qui n’existe plus en « Union Européenne », le mot même de « frontières » étant devenu un gros mot pour la Commission, mais le phénomène demeure, je le répète, minoritaire ; quelques 150 millions de migrants sur une population de presque 7 milliards d’individus, ce qui nuance sérieusement le propos. Dans les pays occidentaux et en France, le pays concerné par cet article (les auteurs n’ont jamais prétendu écrire un article sur les migrations internationales et les pays du Sud, ta remarque là-dessus semble donc pour le moins en dehors du contexte), une minorité de la population serait prête à quitter ce pays, ce qui se reflète dans les chiffres faibles, même d’après des standards occidentaux, d’expatriation des Français, les seuls pays enregistrant un taux plus faible en Occident étant en substance les Etats-Unis, l’Australie et une poignée d’autres. Tu me pardonneras alors de ne pas accorder grand crédit aux planisphères de terminale, la situation méritant, il me semble, un examen un peu plus fin que les banalités que nous apprenons en terminale…

    Quant aux élites, celles-ci sont de plus en plus « globalisées », c’est un fait, de plus en plus « multiculturelles » ou se prétendant comme telles tout en ignorant à quel point elles demeurent nationales dans leurs attitudes malgré leurs efforts, leur allégeance à la Nation en est donc généralement ébranlée, rien d’étonnant à ce qu’elles soient plus mobiles. Le brain drain, tu le sauras, est un phénomène largement exagéré ; la plupart des arrivées en Europe (largement non contrôlées ou insuffisamment au vu du nombre de clandestins estimé en Espagne, Italie et même en France) sont bien plus largement celles de travailleurs peu ou pas qualifiés que d’ingénieurs, de médecins et autres que l’Afrique et la plupart des autres pays du Tiers monde forment en quantités insuffisantes.

    Sur ta deuxième remarque, le sentiment national n’est pas mort pour tous et demeure fugace pour beacoup, en dehors du cocon IEPien qui est complètement non représentatif de la population française (le patriotisme y étant largement sous-représenté, tandis que les tenants de l’utopie socialo-pseudo-écolo abondent). Les valeurs françaises sont spécifiques, tu montres ton ignorance en voulant les confondre avec celles d’autres peuples ; l’Allemagne n’a pas la tradition démocratique que nous avons, l’Angleterre n’a pas la même conception du rôle de l’Etat que nous avons en France, ce qui implique beaucoup de choses sur la place de l’individu dans la société, les philosophies et modes d’organisation sont complètement différents. Inutile de comparer la France et les Etats-Unis sur les valeurs, peut-être que certaines se retrouvent d’un pays à l’autre, sous-estimer les différences de valeurs entre Nations montre une ignorance totale des Histoires de ces pays (pour ne pas parler de négationnisme historique) et un mépris de leurs us et coutumes que seul un vrai internationaliste peut éprouver (un de ceux qui se prétendent « citoyens du monde » sans en reconnaître les implications). Personne n’a ici prétendu que la France était le seul pays civilisé au monde, ce n’est pas parce que nous sommes davantage attachés à nos valeurs qu’à celles des autres pays que nous prenons le reste du monde pour des barbares ignorants et obscurantistes. Il serait temps de lire correctement les articles.

  4. Hélène M. dit :

    Je veux bien que les migrants ne soient qu’une minorité mais 150 millions, ce n’est quand même pas rien et j’espère que tu ne considères pas tous les phénomènes minoritaires comme des phénomènes négligeables, parce qu’à ce moment-là peu de phénomènes demeurent dignes d’intérêt. De plus, si on veut pinailler sur les chiffres, les migrants internationaux sont aujourd’hui 214 millions (soit 1 personne sur 33) et s’ils constituaient un pays, ce pays serait le 5ème plus peuplé du monde, devant le Brésil… (Source : l’Organisation Internationale pour les Migrations http://www.iom.int/jahia/Jahia/about-migration/facts-and-figures/lang/fr)

    Parmi ces migrants internationaux, c’est vrai, tous ne sont pas des travailleurs, et encore moins des travailleurs qualifiés. Mais de nombreuses études montrent que la fuite des cerveaux est un phénomène bien réel et en augmentation. L’Afrique aussi, d’ailleurs, est concernée : beaucoup de ces médecins, notamment, immigrent en Europe et aux Etats-Unis. Je n’invente pas. Selon la source précitée, la main-d’oeuvre internationale représente environ 3% de la main-d’oeuvre totale. C’est peu mais ne me dites pas qu’il n’existe pas de marché international du travail…

    Quant au volet moral de l’article, que j’ai relu et qui décrie « le copinage » et « le recours aux coulisses où l’on se retrouve entre amis » menaçant l’équité sociale, c’est très joli mais encore une fois je suis étonnée que ça vous indigne. Le souci de distinction est né avec l’humanité, la liberté d’association fait partie du socle républicain dont vous vous réclamez, et dernière chose : défendre la nation et le maintien ou retour des frontières, n’est-ce pas autant une volonté d’être « entre amis », puisque l’intérêt général que vous exaltez n’est après tout qu’un intérêt particulier, l’intérêt des Français ?

    J’oserai ajouter que les frontières profitent plus aux entreprises multinationales (qui se jouent des différentiels de salaires et charges sociales) qu’aux travailleurs. Et d’ailleurs, si les politiques économiques sont encore le fait des gouvernements nationaux, elles servent surtout à rendre le pays le plus attractif possible pour ces firmes.

  5. Considérer le phénomène comme minoritaire n’implique pas, comme tu l’as pointé du doigt, de le négliger. Je pense avoir assez bien montré dans mes commentaires précédents à quel point le contrôle des flux migratoires entrant dans notre pays me semble primordial. Tu mentionnes les bénéfices de l’immigration, personne n’a jamais nié que ceux-ci existent et certainement pas moi, en revanche, j’aimerais que l’on se penche également sur les coûts ; cela devrait être le rôle de chaque chef d’Etat animé d’une once de sagesse de contrebalancer le pour et le contre avant de trancher dans l’intérêt de la Nation. Si la voie n’est pas évidente, le référendum est toujours là pour consulter le peuple et connaître sa volonté, car la Nation est le peuple. Parler de 5ème pays le plus peuplé au monde n’a strictement aucun sens et est partie intégrante du sensationnalisme politico-médiatique qui ne retient que les faits frappants et caricature ; ces migrants viennent d’horizons et de pays bien différents, leurs raisons de quitter leurs pays d’origine sont elles-mêmes très variées, à tel point qu’il me semble impossible de les considérer comme un tout homogène. Comme tu l’as dit, 3 % est vraiment peu. Il suffirait à vrai dire de deux personnes entrant dans une transaction, privée comme publique, deux parties, pour qu’un marché existe lato sensu, en conséquence, le mot ne m’impressionne guère. Par ailleurs, personne n’a nié qu’un marché international du travail existe, ce qui a été remis en cause est son ampleur dans le sens où les marchés demeurent largement nationaux (nous parlons des pays industrialisés).

    Si je me réclame de certains principes républicains, je ne suis personnellement pas un républicain, je laisse donc les auteurs de l’article se justifier sur ce qu’ils ont écrit. Pour moi, la France est beaucoup plus que quelques valeurs républicaines simples qui sont relativement récentes dans notre Histoire plus que bimillénaire. Personne ne me fera ainsi dire que la France n’est pas de culture chrétienne, au Diable la laïcité et l’égalité qui n’a jamais existé. Toutefois, une clarification s’impose : la Nation n’est pas un intérêt particulier, ton angle d’approche dénote un internationalisme rampant dans ton mode de pensée ; tu envisages le monde comme un alors que la Nature même en a décidé autrement, divisant les hommes en tribus et en civilisations. Par ailleurs, nous élisons un gouvernement pour défendre nos intérêts en tant que peuple distinct, il me semble que ce serait la moindre des choses que ce gouvernement fasse ce pour quoi il a été élu, au lieu de s’affaisser devant le Grand et Sérénissime Barroso et son Auguste Majordome, le Clown belge Van Rompuy (ou devant l’ONU). Notre Nation est née d’une Histoire qui n’est celle d’aucune autre Nation, avec ses péripéties, ses hauts et ses bas, ses luttes et ses combats, une Nation imprégnée d’une culture tout aussi unique que celle de tout autre pays au monde, une langue qui est la notre et une communauté de sang et, plus récemment, d’adhésion (pour quelques uns). Nous avons nos traditions et nos coutumes que beaucoup à l’étranger ne comprennent pas, comme beaucoup de Français ne peuvent comprendre la façon d’opérer, notamment des systèmes anglo-saxons. Je ne vois pas où réside la difficulté dans le fait de défendre les intérêts de la Nation française et, comme je l’ai déjà écrit, je ne vois pas d’intérêt particulier à défendre des dizaines de millions de citoyens.

    Je te mets au défi de me prouver que les frontières bénéficient plus à des multinationales dont la compétitivité réside en la division internationale du travail qu’aux travailleurs. Tu sais sans doute que la mondialisation est un phénomène ambigu sur ce point là et il te serait aisé de prouver une chose et son contraire à partir d’études tout aussi défectueuses les unes que les autres car trop fragmentaires et pas assez globales dans leur approche. Les politiques économiques devraient légitimement appartenir aux Etats, car ceux-ci jouissent d’une double légitimité : nationale et démocratique. L' »Union Européenne », ainsi, n’a pas la moindre légitimité démocratique si l’on envisage la Commission qui est son bras exécutif ; les Européens élisent le Parlement européen avec seulement 43 % de participation, il en résulte 736 personnes, dont aucune n’a moins de 52 ans, qui ont souvent été élues à une majorité faible, soit 20 % de représentation à ce stade environ, puis les 736 personnes élisent Barroso, lequel n’a alors plus la moindre légitimité démocratique. Juste un exemple de comment les institutions internationales, révérées et adorées dans les IEP en général, sont l’antithèse même de la démocratie. Les Etats sont les seuls réceptacles légitimes de l’intervention, car bénéficiant d’une représentativité plus grande. De quel droit des étrangers légifèreraient-ils pour une Nation dont ils ne connaissent ni les usages, ni les traditions, ni les modes de pensée et, souvent, ni la langue ? La majorité des citoyens perçoivent cela qui sont opposés à l’expansion tentaculaire d’organisations quasi-mafieuses telles que l' »UE », c’est d’ailleurs bien pour cela que l’on se garde de les consulter dans des referenda, alors même que leur indépendance est en jeu. Tes propos sur les retombées économiques de la mondialisation me semblent en conséquence assez floues, d’autant plus que des études existent en la matière qui se contredisent quant à l’impact de plus de mondialisation, d’autant plus que le protectionnisme semble bénéficier à certains pays, au premier rang desquels la Chine. Les Etats-Unis eux-mêmes, eux qui se veulent le chantre de la liberté économique, se sont bâtis grâce au protectionnisme qui les abrita de la concurrence britannique et leur permis de développer leur propre industrie. Plus récemment, le protectionnisme australien a permis de conserver des entreprises nationales dans le secteur minier et d’éviter que les Chinois ne s’emparent de la manne, pour la grande prospérité de cette Nation, étant donné que le secteur minier est le moteur de son économie et que ce pays va connaître cette année la croissance économique la plus élevée de tous les pays occidentaux. Je pourrais te donner des centaines d’exemples où le fait de poser plus de frontières économiques peut bénéficier à la Nation dans sa globalité plus qu’aux multinationales.

  6. Hélène M. dit :

    Je suis bien d’accord avec toi, l’immigration a effectivement un coût. Pour les pays de départ (quand ce sont des pays du Sud qui se voient dépossédés de leurs travailleurs qualifiés) et bien sûr pour les pays d’accueil. Dans le cas d’Interconnexion (au passage, quand je clique sur le lien de l’article, ça ne fonctionne pas, j’ai un message d’erreur… donc je dois me contenter de la description faite par l’article, à savoir un réseau de jeunes diplômés visant à améliorer la mobilité professionnelle internationale), je ne saurai pas dire quel coût cela a. En tout cas, la mobilité professionnelle internationale est quelque chose de recherché par les entreprises. Des cadres sont parfois mutés à l’étranger et c’est souvent temporaire (quelques mois, quelques années, rarement toute la vie). Le mot « mobilité » atteste d’ailleurs du fait qu’en général ce n’est pas un aller sans retour. Et quand on a le choix entre le chômage (ou un travail nécessitant une moindre qualification donc moins payé, voire pas assez payé pour gagner sa vie) et l’expatriation, les exhortations de fidélité à la nation ne pèsent pas lourd dans la balance.

    Quand je disais qu’un marché international du travail existait bel et bien, c’était pour répondre à ce passage de l’article : « il s’agirait « d’améliorer la mobilité professionnelle internationale », ce qui semble logiquement présupposer l’existence d’un marché mondial du travail. Disons-le tout net : ce marché n’existe pas. »

    Evidemment que les migrants internationaux ne forment pas un tout homogène, je l’ai d’ailleurs dit plus bas dans mon commentaire. Parler de 5ème pays le plus peuplé du monde servait à donner un ordre d’idées et à ne pas en relativiser l’ampleur, justement. D’ailleurs, tu peux prendre n’importe quelle population nationale, elle n’est pas non plus homogène, que ce soit économiquement ou socialement.

    Je ne répondrai pas à ton accusation d’ « internationalisme rampant ». Oui, je suis pro-européenne et c’est mon droit. Chercher à « corriger » les opinions de son interlocuteur lors d’un débat est un mouvement naturel et dans notre cas, ça nous mènerait très loin (primauté de la nation ?, raison d’être de l’UE ?, culture chrétienne de la France ?, raison d’être de la laïcité ?, etc).

    Dernières remarques :
    – Que les parlementaires européens aient tous plus de 52 ans, je ne vois pas ce que cela peut faire. Ce n’est pas encore un âge où on est sénile…
    – Si les pays du Sud étaient aussi protectionnistes que les Etats-Unis, ces derniers ne seraient pas aussi prospères ! C’est commode, le protectionnisme, quand on est seul à l’appliquer.

  7. Selon cette étude relativement bien documentée de Contribuables Associés : http://www.contribuables.org/wp-content/uploads/2008/03/monographie14_le_cout_reel_de_limmigration.pdf, l’immigration en France coûterait plus de 71 milliards d’euros chaque année, l’étude met aussi le doigt sur la nature des dépenses et l’inactivité particulièrement marquée des immigrants extra-européens. Par ailleurs, il faudrait aussi garder à l’esprit, outre ces coûts économiques considérables, les dommages potentiellement irréparables que l’immigration pourrait produire sur le caractère et l’identité de notre pays. En effet, ce sont aujourd’hui près de 11 % de la population française qui sont des immigrés, plus de 17 % descendent d’immigrés (pour la deuxième et troisième génération), on peut se demander quels sont les coûts de l’intégration (dont l’étude traite également). Je refuse de considérer une immigration permanente tant que notre tradition assimilationniste n’aura pas été restaurée dans ses droits contre la chienlit du multi-culte. Ce qui autrefois eu semblé intolérable pour nos ancêtres est aujourd’hui devenu un lieu commun en France où il est encore considéré comme pratiquement vulgaire de soulever le problème, car c’est bien un problème, probablement l’un des plus complexes auxquels notre pays est confronté avec la bombe à retardement démographique, la viabilité de nos finances publiques et la tentaculaire « UE ».

    Il n’a jamais été question de prétendre que la population de notre pays est homogène socialement ou économiquement, en revanche, sauf pour un groupe de migrants et assimilés (ou plutôt inassimilés, quand ils sont seulement assimilables), notre pays est largement homogène, car nous ne disposons que d’une langue officielle, donc homogénéité linguistique, par la religion, en effet le Catholicisme est très largement dominant (au moins dans le nombre de membres de cette Eglise, je ne parle pas du nombre de pratiquants), mais aussi par les valeurs ; les Français, natifs comme de coeur, tiennent à des valeurs qui leur sont largement communes : égalité de droit, droits et libertés fondamentaux, démocratie, etc. Seuls quelques groupes restés figés en plein Moyen Age et recroquevillés en communautés qui n’ont rien à faire ici nient ces valeurs. Il y a donc bien convergence sur certaines choses, seuls les égalitaristes les plus bornés et les plus imbéciles pensent que tous les gens ont les mêmes facultés ou doivent disposer des mêmes revenus, l’égalité (de richesse, de condition, sociale, etc.) est absente de la Nature, elle est par conséquent une chimère. Seule l’égalité de droit est réalisable et souhaitable à mon sens. Un Français riche et un Français pauvre auront probablement beaucoup plus en commun qu’un Français quelconque et un Espagnol lambda ; les deux derniers ne partagent pas la même langue.

    C’est d’ailleurs pour cela que l' »UE » est, pire qu’inutile, dangereuse et criminelle, en cela qu’elle se prétend la gardienne de la diversité des Nations et des peuples mais entend fédérer alors que les conceptions d’organisation étatique, même des libertés fondamentales, diffèrent trop grandement d’un pays à l’autre pour être jamais susceptibles d’harmonisation, sans même parler de la folie d’une monnaie commune, trop évidente ces derniers temps (sauf pour quelques propagandistes dont la formation en économie se résume à quelques minutes de leur vie) pour que je m’attarde dessus. Surtout, les peuples, et je dirais que ce seul argument suffit à dresser tout vrai démocrate contre les desseins rocambolesques de la prétendue « UE », refusent ce projet socialisant, voire soviétisant par intervalles, à chaque fois qu’ils ont l’opportunité de s’exprimer sur celui-ci, ils montrent tout le mal qu’ils en pensent, bien que cela ne serve pas à grand chose, étant donner qu’il faudra repasser par les urnes ensuite, la seule réponse dont les eurocrates se satisfont étant « oui », ils comprennent d’ailleurs, à l’instar d’un violeur récidiviste, toujours « oui » lorsque l’on continue de dire « non ». Les symboles de cette junte d’ex-communistes (pour une large partie) : Son Altesse Sérénissime José Manuel Durao Barroso au Parti maoïste du Portugal dans les années 1980 et Catherine Ashton, ayant depuis abandonné les principes du camarade Marx pour devenir « Baroness Ashton », au CND. Sans parler de Trichet qui entend attirer les investisseurs en leur « prouvant » que l’Europe est attractive par le moyen tiré de ce que deux Nations européennes, l’Espagne et les Pays-Bas, ont été finalistes à la dernière coupe du monde… Voici qui doit bien faire rire les Néerlandais, eux qui ont rejeté à plus de 62 % le Traité de Lisb… pardon, le TCE. D’ailleurs, le prochain référendum viendra de l’Islande qui, bien qu’acculée à des monceaux de dettes et à des difficultés économico-financières de proportions gargantuesques, montrera aux eurocrates toute la ferveur et la fierté d’une Nation qui, bien que petite par la démographie et l’économie, entend rester indépendante et ne pas se lier à un bloc moribond et en perdition. Les derniers sondages font état d’une majorité des opposants à l’entrée de 2 contre 1, une claque que les eurocrates ne sentiront pas ; les Islandais se seront trompés et devront revoter, eux qui ont donné la mauvaise réponse. Qu’est-ce que l' »UE », sinon un projet anti-démocratique et creux ? Qu’est-ce, sinon un nouveau moyen de créer des postes pour ses amis et un Etat centralisé qui sera et est déjà inefficace pour tant d’Etats et de Nations aux Histoires et aux us si variés ? Libre à toi d’être « pro-européenne », quoi que cela veuille dire, mais sache que ta position est marginale et que la plupart des peuples européens, si consultés demain, voteraient massivement pour retrouver leurs indépendances respectives, ce qui ne les empêcherait pas de vivre en parfaite amitié entre eux et de continuer à échanger, culturellement et commercialement, sans le bâton de la Commission, nouveau Politburo animé de désordres multipolaires. Sans légitimité démocratique, ce projet n’a aucune raison d’être, nul besoin d’être même opposé à l' »UE » pour tenir ces propos. La Nation aura toujours la primauté, car recueillant bien plus largement l’adhésion et l’approbation de la majorité écrasante des citoyens (plus sur le sujet dans le dernier livre de feu Samuel P. Huntington, « Who Are We: The Challenges to America’s National Identity » qui traite aussi un peu du contexte européen), l’internationalisme demeurant l’apanage de la minorité gouvernante. Si ma Nation ne recouvre pas ses droits et que les gens laissent la Commission effectuer son coup d’état sans lever un sourcil, sachant que peu d’émoi a été provoqué à l’annonce de l’EEAS (European External Action Services), un nouveau gadget aux consonances soviétiques, ou du fait que nos budgets publics devront désormais être « vérifiés » par la Commission avant d’être « validés ». Voilà une bien curieuse façon d’exercer la démocratie ; un organe non élu directement par les peuples européens dicte sa volonté à des assemblées nationales élues directement par le peuple, c’est pourtant ce que l’on appelle démocratie en novlangue eurocratique… Bref, inutile de continuer, l’un des plus grands mystères de notre monde étant pour moi que des gens croient sincèrement en cette organisation…

    Pour ce qui est de l’âge des parlementaires, cela montre une institution verrouillée et conservatrice dans le mauvais sens du terme, dans le sens où elle représente une classe corporatiste (pour le coup, très homogène) qui s’octroie des hausses de salaires pendant que tout le monde est mis à la rigueur et que l’on entend surtout faire porter le chapeau aux Etats… L’âge en lui-même est révélateur d’une certaine viscosité et d’un manque de représentativité, ainsi le choix de Barroso et celui d’une classe de quinquagénaires (52 ans étant un minimum, on trouve tout de même des séniles aux Parlement « européen »).

    Ce n’est pas le problème du gouvernement américain de savoir quel sera l’impact sur les économies du Sud de mesures protectionnistes, si cela est justifié pour la Nation américaine et que les bénéfices économiques sont là (ils ne semblent guère exister en matières de subventions au coton, je te rappelle que mon propos concernait le XIXème siècle et la période de développement industriel et économique des Etats-Unis). En l’occurrence, la Chine pratique le protectionnisme à grande échelle aux frais des Occidentaux (et refusait de réévaluer un yuan manifestement faible jusqu’à très récemment), je ne vois pas pourquoi nous aurions à coeur les intérêts des Chinois et non les nôtres, eux ont au moins un gouvernement qui raisonne en termes d’intérêts nationaux au lieu de vouloir laisser des diplomates étrangers décider pour eux au nom d’une « Union Asiatique » dans laquelle ils devraient se fondre corps et âme ou je ne sais encore quelle absurdité internationaliste.


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