L’observatoire des séries : 2011 – 2012 Part Two

Précédemment dans l’Observatoire des Séries, vous aviez pu profiter de quelques merveilleuses descriptions des nouvelles séries qui allaient compter à la rentrée de septembre, ainsi que de ce que l’on pouvait attendre des anciennes. En janvier, notre chroniqueuse spécialisée recommence !

L’avantage des articles « second semestre » est que l’on a déjà eu le temps de familiariser avec la tendance et le cru de ce début année « scolaire/sériesque ». En d’autres termes, ça signifie qu’on ne s’attend plus à décrocher le Saint Graal quand on a découvert avec effroi qu’il est encore possible de produire, en 2011, des horreurs telles que Charlie’s Angels (le remake, svp) ou How To Be a Gentleman (on ne comprend toujours pas).

Ainsi, nous – et par nous, je veux bien sûr dire « je », mais comme je veux faire croire que mon avis est partagé par une immense communauté de fans et d’analystes j’utilise des formules un peu plus impersonnelles –  avions un peu peur de cette deuxième rentrée. Pourtant, plusieurs belles promesses arrivent à tirer leur épingle du jeu navrant que constituent les nouvelles arrivantes absolument désastreuses. Et comme je suis sympa, je vais te développer tout ça. Et avec des tirets ! Je sais, c’est classe.

 

Je n’ai regardé le Pilot que pour une seule raison : Showtime. Je fais confiance à la chaîne du câble qui nous a déjà apporté tant de pépites, donc je regarde ce qu’elle me propose, au risque d’être déçue. Je te l’avoue, j’ai été un peu déçue.

Le pitch est basique, et wikipedia te le donne mieux que moi : « De brillants consultants en gestion n’hésitent pas à utiliser tous les moyens possibles pour obtenir l’information que veulent leurs clients ». Bon, ça ce sera sûrement le pitch pour toute la saison, en tout cas dans le Pilot, on se contente de voir comment Marty Kaan et son équipe se battent pour décrocher un job de consulting pour une grande banque (je te laisse deviner si dans les cinq dernières minutes de l’épisode ils réussissent contre toute attente à convaincre les banquiers et battre leur concurrence pourtant favorite, sur un fond de inspirational music).

Evidemment, il y a des points positifs. Et Don Cheadle (Marty) en est un des premiers, malgré le fait que les rôles qu’il se coltine au cinéma (Iron Man, la série des Ocean’s) ont tendance à m’agacer au plus haut point et que je doutais ainsi considérablement de sa capacité à sortir du cliché du gars véreux-cool-attachant qui arbore en permanence un faux-sourire tout blanc mais qui a quand même un passé douloureux faut pas déconner.

Et en fait, il n’y parvient pas aussi bien que l’on aurait pu l’espérer. Certes, on sent que le personnage peut surprendre et certains côtés de sa vie sonnent moins comme des stéréotypes que d’autres (sa relation avec son fils de dix ans qui porte des jupes et veut jouer Olivia Newton-John dans la version de Grease de son école, ainsi qu’avec son père ancien psy qui lui donne sans cesse des conseils semblent être prometteuse), cependant  le personnage du patron volage qui à l’air de s’en foutre de tout mais a plus d’un tour dans son sac (dont son prévisible sarcasme) a tout de même déjà été vu et revu.

Le reste de l’équipe de ces « pro du consulting » (métier par ailleurs représenté comme une gigantesque arnaque / pompe à fric) est pour l’instant bien fade et on a peur que cela ne change pas (même Kristen Bell ne parvient pas à faire sortir son personnage de la monodimension que le script de ce premier épisode lui a donné). En plus, j’ai trouvé une ressemblance frappante, dans la construction de l’épisode, avec la série Hustle (a.k.a Les Arnaqueurs, V.I.P en français) qui met en scène une petite troupe de gens véreux qui piquent de l’argent aux riches (présentation de l’épisode, explication superficielle de la situation, magouilles, explication dans les 5 dernières minutes, suspense de 30 secondes, résolution dans les 2 dernières et le tour est joué).

All in all, je n’y crois pas trop, mais la série aura sûrement une saison entière, parce que sinon Don Cheatle va appeler Iron Man pour qu’il casse la gueule de Showtime.

 

J’ai décrit cette série plus en détail dans un billet sur mon blog, donc je ne te ferai qu’un petit résumé pour que tu sois obligé d’aller y faire un tour.

Le pilot de Luck, diffusé début décembre, est un petit bijou de réalisation (Michael Mann aux commandes pour l’occasion) et d’écriture. Elle s’impose dès à présent comme une des séries à suivre en cette nouvelle année (la série recommence le 29 Janvier) et à ne pas lâcher. Luck est une série chorale, dans laquelle de nombreux personnages se croisent et évoluent dans le même monde ; celui des courses hippiques. Entre les jockeys, les parieurs invétérés, les entraineurs, les gros maffieux (et leur boss, incarné par nul autre que Dustin Hoffman), on ne saurait presque plus où donner de la tête.

D’ailleurs, je conseille un second visionnage à ceux qui seraient vraiment intéressés, afin de mieux s’imprégner du jargon (plus que complexe, même pour des native speakers) ainsi que de l’importance de chaque personnage et des liens qui existent entre eux.

 

Honnêtement, j’ai failli pleurer. Vraiment.

Je ne comprends rien à cette série et, surtout, je ne comprends pas comment elle a pu passer la batterie de tests que les producteurs imposent toujours aux Pilots. Franchement, je n’imagine pas quelle personne normalement constituée, faisant partie d’un groupe de « audience test » peut décemment sortir du screening de Work It et s’écrier : « OMG It’s sooooo funny I love dit I would definitely watch it again and again and again on ABC, my favorite network ! ».

Pour tout vous dire, j’ai du mal à expliquer le pitch. Imagine l’acteur qui joue Don dans HIMYM (le petit ami drôle mais provisoire de Robin) qui a une femme et une fille, perdu son emploi à cause de la crise (ouais c’est la crise, on dirait d’ailleurs que les séries aiment à en faire un thème central de leurs scénarii) et qui s’est mis dans la tête que s’il voulait retrouver du travail, il faudrait qu’il se travestisse, parce que – let’s face it – il est clair que les femmes sont vraiment favorisées sur le marché du travail. Et le pire, c’est que ça fonctionne (tu t’en doutes, sinon il n’y aurait pas de série), et que les deux « héros » se retrouvent vendeurs dans une boîte qui vend des médicaments aux docteurs et cliniques. Et évidemment, ils doivent se travestir, parce que la boîte ne veut engager que des femmes.

Sauf que tu vois la photo promo, et ça, c’est à peu près le moment où ils ressemblent le plus à des femmes. Alors imagine le reste de l’épisode.

Donc deux solutions s’offrent à nous :

–          Soit ABC prend vraiment les gens pour des cons alors qu’on n’a plus rigolé quand un mec s’habille en femme depuis La Cage aux Folles (et là j’utilise un « on » dont je me dédouane totalement mais admettons que beaucoup de gens en ont rigolé) et la série ne va pas tenir 10 épisode, comme la feu How to be a Gentleman.

–          Soit ABC prend vraiment les gens pour des cons et la série va être un gros hit et je vais m’exiler 3 mois au Groenland pour tourner une série sur des pingouins transsexuels au Moyen-Âge, la vendre à un network et devenir riche.

 

Alors déjà, je n’aime pas qu’on m’annonce un titre et puis qu’on le change, juste parce que le CSA US a décidé que c’était super osé de mettre Vodka dans un titre de série TV. Du coup je m’insurge, et dans ma tête je garde le titre original (mais je te mets les deux affiches pour que tu puisses choisir celle qui te sied le plus). Surtout que franchement, ça n’a plus du tout le même sens, là on dirait qu’un verre de vodka est en train d’appeler Chelsea. Alors que moi, je sais qu’un verre de vodka, ça ne parle pas. On me la fait pas.

Mais bon, de toute manière, ce n’est pas vraiment important, car la série ne restera pas dans les annales. Certes, Laura Prepon est un peu différente des actrices de sitcom et n’hésite pas à raconter des blagues salaces et à s’étendre sur son amour immodéré pour la Vodka, cependant je n’ai ri qu’une fois, et c’était vraiment plus par fatigue que parce que l’actrice qui joue Beiste dans Glee était habillée en lesbienne/motarde.

 

Avec Two Broke Girls, on a là des séries qui surfent sur la vague « fille décomplexée et vulgaire » mais je ne suis pas sûre que la formule soit totalement au point. Peut-être dans quelques années.

 

Voilà pour les nouvelles séries que j’ai visionnées. Pour les autres, je te propose de donner une chance à The Firm (NBC), un remake du film des années 90 avec Tom Cruise (le film, pas la série, t’emballe pas, on a déjà Dustin Hoffman sur le petit écran, on ne va quand même pas trop en demander), qui semble être un drame judiciaire plutôt agréable à regarder mais dont l’intrigue « fil rouge » va sûrement se faire bouffer par le côté « one episode = one story » caractéristique des séries policières ou judiciaires, dans lesquelles un nouveau « case » est résolu après 40 minutes d’intrigue à chaque épisode.

Il reste deux catégories de séries que je n’ai pas encore mentionnées :

Pour ce qui est de Californication, j’ai déjà exprimé mon désarroi… Il me semble que la série touche à sa fin. C’est bien connu, lorsque les scénaristes décident d’utiliser le « saut en avant dans le temps », c’est que la série peine à se renouveler. Normalement, ce petit « jump » (un shark jump, oserait-on avancer ?) permet d’attirer à nouveau l’audience pendant quelques épisodes avant la déchéance de mid-season, mais là, même le premier épisode semble déjà raté. Tout le monde a un peu vieilli mais ça ne se voit pas, Becca a un copain insupportable qui ressemble à Hank quand il était jeune donc Hank le déteste, Karen est casée, Runkle couche avec cent femmes et son fils ne parle toujours pas à 2 ans et demi mais c’est peut-être parce qu’il tombe sur sa mère en train de se faire lécher par son boyfriend en pleine journée dans la chambre/salon.

Pourtant, on ne rigole presque plus… Je ne savoure plus les répliques cinglantes de Hank comme avant et les dialogues sont presque prévisibles tellement on les a déjà entendus des dizaines de fois. Californication reste tout juste un plaisir coupable, mais qui devrait se reprendre et innover un peu si elle ne veut pas perdre le peu d’affection qu’a encore son public pour elle.

Quant à 30 Rock, qui est revenue en force jeudi dernier, elle semble être sur la même pente descendante, avec les scènes de sexe en moins. Seule petite anecdote marrante, le fait que dans le season finale de la saison 5, la copine de Jack se faisait kidnapper par Kim Jong-il. Evidemment, on attendait tous  de découvrir comment les scénaristes allaient faire (pour cause de récente mort du dictateur, ya know), et je trouve qu’ils s’en sont plutôt bien sortis en mentionnant que Jack avait reçu une carte de noël qui ressemblait à ça :

 

 

 

 

 

 

A part ça, Liz Lemon est étrangement souriante et ça leur tient 20 minutes pour faire un épisode. Peu de changements, peu d’éclats de rire… 30 Rock ferait bien de fixer, elle aussi, une date d’arrêt.

 

En vrac, on sait que Alcatraz (FOX) va sortir la semaine prochaine, et mérite d’être regardée au moins pour son créateur J.J Abrams, qui repart dans des délires fantastiques en imaginant que des anciens prisonniers d’Alcatraz disparus dans les années 60 réapparaissent soudainement de nos jours.

Smash (NBC) arrive début février et retrace l’histoire de la création d’un « Broadway musical » sur la vie de Marilyn Monroe, avec notamment Uma Thurman qui vient jouer la guest pour un arc de 5 épisodes. Une intrigue qui a l’air soignée, une esthétique assez particulière pour donner un style à la série, des acteurs qui ont l’air bien castés. A regarder.

Puis en avril (oui tu as encore le temps de voir venir) va sortir la nouvelle production de Shonda Rhimes (Grey’s anatomy, Private Practice, Off the map), Scandal (sur ABC, obviously), qui racontera la vie d’une ancienne consultant du président qui décide d’ouvrir sa boîte spécialisée dans la « disparition de scandales ». Comme c’est Rhimes, forcément il va y avoir un peu de surjeu, un peu de pathos, un peu d’irréalisme, mais avoir une série dont l’actrice principale est noire et pas des plus connues reste une bonne raison pour regarder au moins le premier épisode.

Reste mon petit chouchou, qui débarque début mars : c’est Awake (NBC) – décidemment NBC donne tout ce qu’ils ont dans le semestre 2 –, l’histoire d’un policier qui se retrouve dans un accident de voiture avec sa femme et son fils, à la suite duquel il vit dans deux réalités parallèles. Dans l’une, sa femme est en vie et son fils est mort dans l’accident, alors que c’est l’inverse dans l’autre. Evidemment, les personnages de chaque réalité lui assurent que la leur est la seule qui existe, pourtant il continue à osciller entre l’une et l’autre (à chaque fois qu’il se réveille, il en change), et commence même à observer des liens étranges qui se tissent entre les deux réalités.

Awake, ça a l’air d’envoyer du pâté. Je te conseille vivement de ne pas la laisser passer (et on espère que NBC non plus, car on a failli ne jamais la voir sur les ondes), et te mets un lien vers le trailer, si je n’étais pas parvenue à te donner assez envie :

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=CfPVoiQKFvk[/youtube]

(Et de toute manière, un trailer qui utilise Patrick Watson en bande originale ne peut qu’être super cool)

Marie Turcan – Sciences Po Strasbourg



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